Dimanche, l’investiture de Mikheïl Kavelashvili à la présidence de la Géorgie a marqué un tournant dans les relations du pays avec l’Occident. L’ancien footballeur, aux positions anti-occidentales, entre en fonction dans un contexte de crise politique et économique. Le gel des négociations d’adhésion à l’Union européenne et les sanctions américaines contre l’oligarque Bidzina Ivanishvili révèlent un basculement géopolitique qui pourrait, à terme, affecter les corridors énergétiques stratégiques du Caucase.
Une transition présidentielle contestée
Le 29 décembre, Mikheil Kavelashvili a prêté serment dans un contexte de crise politique. Le parti au pouvoir « Georgian Dream » a officiellement remporté 54% des voix aux élections d’octobre, des résultats contestés par les observateurs internationaux. La présidente sortante, Salomé Zourabichvili, a refusé de reconnaître la légitimité de son successeur. La veille de l’investiture, les États-Unis avaient imposé des sanctions contre le milliardaire Bidzina Ivanishvili, ancien Premier ministre considéré comme l’éminence grise du pouvoir. Celui-ci est accusé d’orchestrer un tournant anti-occidental en Géorgie.
L’économie géorgienne sous pression russe
Cette réorientation politique entraîne des conséquences économiques importantes pour le pays. Le gel des négociations avec l’UE jusqu’en 2028 freine l’accès au marché unique européen et aux investissements occidentaux. La situation favorise la Russie, qui observe son ancien satellite revenir dans son orbite. Les secteurs clés comme l’énergie et la finance basculent vers des intérêts russes.
L’oligarque pro-Moscou Bidzina Ivanishvili contrôle déjà une grande partie de l’économie géorgienne via son groupe d’investissement Georgian Capital. Les sanctions américaines contre lui pourraient déstabiliser son empire, mais aussi l’ensemble de l’économie du pays, fortement dépendante des investissements étrangers. La suspension des pourparlers d’adhésion à l’UE a provoqué des manifestations massives, avec plus de 400 arrestations. Cette instabilité politique suscite des inquiétudes parmi les investisseurs occidentaux présents dans le pays. La Géorgie, autrefois considérée comme stable dans le Caucase, voit son image d’économie prometteuse s’effriter.
Un maillon énergétique fragilisé
Le changement de cap de la Géorgie menace l’équilibre énergétique européen. Ce pays constitue, en effet, un point de passage stratégique pour les hydrocarbures de la mer Caspienne. Un alignement durable de la Géorgie sur la Russie pourrait compromettre la stratégie européenne de diversification énergétique et freiner les efforts de l’UE pour réduire sa dépendance au gaz russe.
Mathilde Libéral
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