Emmanuel Macron en Arabie saoudite : le bon endroit au mauvais moment

Depuis lundi, Emmanuel Macron effectue une visite d’État en Arabie saoudite pour renforcer les liens avec le royaume de Mohammed ben Salmane. Une initiative axée sur la défense et l’industrie, mais qui se déroule dans un contexte politique, national et international, peu propice.

Une poignée de main franco-saoudienne pour « approfondir les coopérations dans des domaines stratégiques » ; la troisième pour Emmanuel Macron depuis 2017. Cette fois, il est accompagné d’une cinquantaine de chefs d’entreprises français : Total, EDF, Véolia, Naval Group, Thalès… mais aussi de quelques start-ups dans l’intelligence artificielle. La présence de ces dernières est justifiée par la tenue du Sommet sur l’IA qui aura lieu en février à Paris : thème sur lequel les deux dirigeants sont « convenus de travailler de concert ».

Bien que la vente des avions Rafale ait été évoquée, une source proche du dossier a confirmé qu’aucune annonce ne serait faite à ce sujet. Les discussions entre les deux dirigeants ont été dominées par le dossier libanais. La principale raison de la visite d’Emmanuel Macron était de convaincre l’Arabie saoudite d’apporter un soutien financier à l’armée libanaise. Ce soutien permettrait de renforcer les forces officielles libanaises afin de favoriser un cessez-le-feu durable et le rétablissement de la souveraineté du Liban sur l’ensemble de son territoire.

Si cette visite vise à promouvoir la paix au Moyen-Orient et à défendre les intérêts de l’industrie française, son timing n’est pas des plus opportuns. Sur le plan national, les menaces de censure et les difficultés à faire adopter des réformes au Parlement fragilisent la stabilité du gouvernement. Face à cette situation, le président français a annulé sa visite prévue du métro aérien de Riyad pour se concentrer sur les tensions politiques internes.

Par ailleurs, l’Arabie saoudite n’est pas encore en mesure de répondre aux attentes de la France. La visite d’État se trouve dans une impasse, coincée entre l’élection présidentielle américaine et l’arrivée imminente du gouvernement Trump. Mohammed ben Salmane préfère ainsi attendre l’installation officielle du nouveau président à la Maison-Blanche avant de prendre des décisions concernant l’armement saoudien et le financement de l’armée libanaise. Ainsi, malgré les discussions engagées, aucune décision concrète n’a encore été prise. 

Enzo Dupin

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