Six nouveaux sites pour héberger les « AI Factories »

Le 12 mars 2025, l’entreprise commune européenne pour le calcul haute performance (EuroHPC JU) a annoncé la sélection de six nouveaux sites à travers l’Europe pour héberger des sites « AI Factories » supplémentaires.

Six nouveaux « AI Factories » en Europe

L’EuroHPC JU, l’entreprise commune européenne pour le calcul haute performance, a annoncé la sélection de nouveaux sites à travers l’Europe pour héberger des nouveaux « AI Factories » en Autriche, Bulgarie, France, Allemagne, Pologne et Slovénie. Ces sites s’ajoutent aux sept précédemment sélectionnés pour former un réseau de pôles d’innovation d’intelligence artificielle en Europe. Les AI Factories serviront de soutien aux startups, chercheurs et PME afin de développer leurs ensembles de données et leur fournir un accès à des ressources de calcul haute performance optimisées pour l’IA, à des formations et à une expertise technique.

Un nouveau site en France

La France se voit également dotée d’un « guichet de l’IA », établie conjointement avec le futur (2026) supercalculateur exascale « Alice Recoque ». L’exascale désigne une capacité de calcul informatique atteignant au moins un exaflop, soit 10¹⁸ (un milliard de milliards) d’opérations en virgule flottante par seconde (FLOPS). Ce supercalculateur porte le nom d’une pionnière en informatique et intelligence artificielle (Alice Recoque), et sera installé cette année au Très Grand Centre de Calcul du CEA (Commissariat à l’Energie Atomique), dans l’Essonne. Ce centre offrira une infrastructure pour développer des nouveaux modèles d’IA innovants en France et en Europe. Cette initiative ouvre aussi la voie à une commercialisation de l’accès au supercalculateur pour les startups et les PME afin d’optimiser son utilisation et de favoriser le développement des applications spécifiques de l’intelligence artificielle. L’INRIA, le CNRS, le CEA, l’AMIAD, Station-F, ou encore HubFranceI seront partenaires du projet d’excellence d’AI Factory France.

La stratégie européenne dans un écosystème à la traîne

L’objectif de ces nouveaux sites est de renforcer la position de l’Europe en tant que leader dans le domaine de l’intelligence artificielle. En fournissant ces ressources et un soutien aux chercheurs, ces centres doivent stimuler l’innovation pour accélérer le développement de nouvelles technologies. L’Union européenne cherche en effet à réduire sa dépendance vis-à-vis des géants technologiques américains et chinois en développant ses propres infrastructures d’IA et de calcul haute performance. Malgré les derniers investissements et les grandes annonces, l’Europe observe pourtant un retard technologique face aux géants américains et chinois. De plus, cette annonce intervient dans un contexte européen ultra réglementé et largement plus imposé qu’aux États-Unis.

Les problèmes de souveraineté sur les semi-conducteurs

L’intelligence artificielle repose sur des infrastructures de calcul qui nécessitent des semi-conducteurs avancés, secteur dans lequel l’Europe dépend largement de NVIDIA, AMD et des fabricants asiatiques (TSMC, Samsung). L’énorme consommation énergétique des supercalculateurs pose également la question de la disponibilité et du coût de l’énergie en Europe, plus élevé que dans d’autres régions du monde. Cependant, l’Europe accélère sa transition énergétique et la France est le pays dont la production bas carbone est la plus importante : en 2024, le pays a  dépassé le seuil de 95% de la production électrique produite de cette manière.

Malgré ces nombreux obstacles, l’Europe semble enfin se doter de moyens à la hauteur de ses ambitions pour favoriser l’innovation et l’attractivité. Si cette initiative est un bon point de départ, elle ne suffira pas à elle seule à rattraper le retard européen, elle doit être accompagnée d’une politique plus ambitieuse et d’une coordination des efforts européens.

Lou Rochambeau pour le club Data de l’AEGE

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