DeepSeek : une menace pour la sécurité nationale ?

Le 3 février 2025, une proposition de loi a été déposée par le sénateur républicain Josh Hawley. Elle prévoit des sanctions pour toute personne téléchargeant l’application DeepSeek. 

L’utilisation du modèle de langage open source, conçu par le hedge fund quantitatif chinois High-Flyer, serait punie de 20 ans de prison et d’une amende d’un million de dollars. 

Les États s’alarment face à un capteur de données chinois

Depuis son lancement, le 20 janvier 2025, DeepSeek, un modèle d’intelligence artificielle à l’image de ChatGPT, suscite des inquiétudes auprès des États. Le 30 janvier, l’Italie a lancé une enquête sur les pratiques de collecte de données de DeepSeek-R1 et leur conformité avec le Règlement général sur la protection des données (RGPD) de l’Union européenne. La raison de cette enquête est la loi chinoise sur le renseignement national, qui oblige les entreprises du pays à partager leurs données avec les autorités chinoises. 

Aux États-Unis, Greg Abbott, gouverneur du Texas, a interdit la possession de DeepSeek-R1 sur les appareils professionnels et personnels des fonctionnaires. Abbott a étendu cette interdiction aux applications chinoises Xiaohongshu et Lemon8, évoquant des risques cybers. La NASA et la Marine américaine ont aussi proscrit l’utilisation de l’intelligence artificielle chinoise. Le 31 janvier 2025, Taïwan a également proscrit à ses fonctionnaires d’utiliser DeepSeek. Cette interdiction repose sur des craintes concernant l’accès potentiel du gouvernement chinois aux données personnelles des utilisateurs à travers la version en ligne du modèle. Celle-ci stocke les données dans des serveurs chinois. Face aux critiques et aux enquêtes en cours, DeepSeek affirme respecter les réglementations locales et ne violer aucune législation régionale en matière de protection des données. 

Une fragmentation plus marquée du paysage technologique mondial

Les interdictions et enquêtes en cours s’inscrivent dans une tendance mondiale de découplage numérique entre la Chine et les pays occidentaux. TikTok et Huawei ont déjà été au cœur de mesures restrictives prises par les États-Unis et l’Union européenne, visant à limiter l’influence chinoise sur les technologies de pointe. Ainsi, avec DeepSeek-R1, la Chine s’impose comme un acteur clé du développement de l’IA générative. Ce domaine était jusqu’ici largement dominé par les États-Unis avec OpenAI, Google, DeepMind et Anthropic.

Mey et Yunès-Louis Amadid

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