De l’intelligence économique pour les PME de la Défense

Décrivant la situation peu réjouissante des quelques 4.000 PME intervenant dans le secteur de la Défense, deux députés recommandent la mise en place d’une véritable démarche d’intelligence économique pour regagner en compétitivité.

Un tableau sombre
C’est le 13 juillet que les députés Dominique CAILLAUD et Jean MICHEL ont rendu à la Commission de la défense nationale et des forces armées de l’Assemblée Nationale un rapport d’information. Ce dernier est évidemment consultable en ligne. Ils avaient reçu pour mission de faire un état des lieux le plus exhaustif possible de la situation des PME de la Défense, d’analyser les actions déjà mises en place par l’État en leur faveur et de définir des recommandations pour soutenir au mieux ces entreprises.


La baisse des commandes publiques, des difficultés structurelles et conjoncturelles à exporter ou encore des retards de paiement conduisent ces quelques 4.000 PME à être dans une situation particulièrement difficile. Ces facteurs les contraignent à se détourner largement de leur activité à vocation militaire. En effet, elle est dans bien des cas non rentable. Ce désintéressement, que l’on ne peut entièrement leur reprocher, menace le maintien de capacités industrielles françaises dans ce secteur stratégique.

L’information stratégique à la rescousse
En plus d’une plus grande et meilleure allocation de fonds de soutien à l’innovation, la très grande majorité des solutions préconisées par les deux rapporteurs tournent autour du recueil, du partage et de l’exploitation de l’information. Ces derniers sont vus comme un facteur prédominant du retour ou du maintien de la compétitivité de ces PME.


En effet, les députés recommandent, entre autres propositions, de :

  • « Systématiser la présence des PME françaises de défense dans les grands salons internationaux d’armement »
  • « Impliquer les attachés d’armement dans la promotion des PME de défense et les aider à gagner des marchés internationaux »
  • « Faire gagner « l’équipe France » à l’international en « chassant en meute » »
  • « Coordonner nationalement, dans une structure unique, le soutien à l’innovation, l’information économique et concentrer les actions sur les fonctions stratégiques identifiées par le Livre blanc et la LPM ».

La fin, les buts, les moyens
Afin de rendre plus compétitif ces domaines d’activités, ce recueil et partage de l’information doivent donc se faire verticalement et horizontalement.
La DGA, principal donneur d’ordres et passeur de commandes, ne suit aujourd’hui qu’environ 400 entreprises sur les 4000 concernées par ce domaine. Il est aussi recommandé aux attachés d’armement des ambassades de ne pas se sur-focaliser sur les grands contrats mais aussi de ne pas négliger les contrats plus modestes mais parfois aussi stratégiques.


De même, au sein des clusters (comme chez le plus développé d’entre eux EDEN dans la région Rhône Alpes) ou des structures plus ou moins informelles (groupements industriels par domaine, associations de chefs d’entreprises, etc.), le partage et l’exploitation de l’information doit se généraliser.

L’intelligence économique au sommet de l’État
Comme nous l’avons vu, l’intelligence économique n’est pas décrite dans ce rapport uniquement sous son volet défensif (protection des brevets, des savoir-faire, ou des systèmes d’information). Elle est mise sur le devant de la scène par les plus hautes sphères de l’État dans une déclinaison plus globale à laquelle il ne manquerait que le volet influence pour en intégrer tous les pans.
Il faut évidemment plus se réjouir de cette prise de conscience que de se plaindre du délai pris pour y parvenir. Espérons donc que ces recommandations inscrites dans le développement d’une véritable politique générale en faveur des PME ne demeurent pas lettre morte.