Alors que Jean-Louis Beffa, aujourd’hui Président d’honneur et administrateur de Saint-Gobain, sort un ouvrage sur la politique d’innovation, la réindustrialisation et l’exportation française, nous allons dresser un état des lieux de la recherche et des implantations du groupe dont il fut le PDG de 1986 à 2007.
Saint-Gobain, multinationale française qui fêtera ses 350 ans en 2015, est une société spécialisé dans la production, la transformation et la distribution de matériaux. En 1970, elle fusionne avec Pont-à-Mousson, très présente dans le domaine de la sidérurgie. Cette fusion est considérée comme le point de départ des évolutions qui font le groupe d’aujourd’hui, c'est-à-dire le leader mondial ou européen sur les marchés de l’habitat, que sont les produits pour la construction, les matériaux innovants, la distribution bâtiment et le conditionnement. Le chiffre d’affaires s’élève à 42,12 milliards d’euros pour l’année 2011, pour un résultat d’exploitation de 3,44 milliards d’euros.
Saint-Gobain est présent actuellement dans 64 pays à travers le monde. On constate une forte présence dans les pays industrialisés et en voie de développement, une présence très limité en Afrique et au Moyen-Orient.
Les implantations de Saint Gobain
Pour l’année 2011, Saint-Gobain s’est implanté dans de nombreux pays, certains dans lesquels ils étaient déjà présents, d’autres non.
Voilà une liste de ces nouvelles implantations :
- Brésil en avril 2011 : acquisition de la société Anchortech, acteur majeur du marché des additifs et des revêtements de sol.
- Turquie en mai 2011 : acquisition de Promix, producteur de mortier industriel
- Inde en mai 2011 : acquisition de l’activité de verre plat de Sezal Glass Limited.
- Chine en mai 2011 : construction d’une deuxième usine de production de vitrage automobile
- Italie en mai 2011 : Acquisition d’Edicalce producteur de mortier industriel
- Algérie en juin 2011 : implantation de Verallia suite à l’acquisition de la totalité du capital de la société publique Alver, spécialisée dans le conditionnement.
- Indonésie en juin 2011 : acquisition d’une participation majoritaire dans la société PT. Cipta Mortar Utama, leader indonésien des mortiers industriels
- Turquie en juillet 2011 : acquisition de la société Doganer spécialisée dans la production de plâtre.
- GB en juillet 2011 : acquisition des réseaux de distribution de matériaux de construction Build Center et de produits de sanitaire-chauffage-plomberie de Brossette.
- Japon en juillet 2011 : construction d’une nouvelle usine de laine de verre prévu pour fonctionner avant la fin 2013
- Russie en juillet 2011 : acquisition de la société Linerock, leader régional sur les produits à base de laine de roche.
- USA en aout 2011 : construction d’une nouvelle usine de production de proppants, qui sera active avant fin 2012.
- Argentine en novembre 2011 : acquisition des sociétés Abrasivos Argentinos S.A. et Dancan S.A., ainsi que de leurs filiales au Brésil en Uruguay, spécialisées dans la production d’abrasifs.
- Inde en décembre 2011 : acquisition de la division canalisation de la société indienne Electrotherm Limited.
On peut représenter ces implantations sur la carte suivante.
Carte des implantations en 2011 (en orange les pays émergents)
De l’observation de cette carte, on constate très vite que les implantations de Saint-Gobain ont été majoritairement faites vers des pays émergents. Il est assez aisé d’en conclure que la stratégie de Saint-Gobain est de se tourner vers les pays émergents, que sont les BRIC notamment. Il n’y a par contre aucune ouverture de site en France constatée pour l’année 2011.
Ce sont des pays à fort potentiel pour le groupe Saint-Gobain. Représentant seulement 20% du chiffre d’affaires 2011, l’Asie et les pays émergents ont une croissance interne de 8,5%, la plus forte du groupe, qui moyenne à 5%. Il est donc totalement compréhensible de trouver ces pays dans les nouvelles zones d’implantations de la multinationale française. Ce sont majoritairement des pays en forte croissance économique et démographique et qui possèdent des problématiques de logement et de construction importants, du fait de l’augmentation démographique et de l’exode rural.
La R&D chez Saint-Gobain
Pour ce qui est de la recherche, elle est très ancrée dans la stratégie de Saint-Gobain. Ce sont 3500 chercheurs venant d’une cinquantaine de pays qui travaillent dans le domaine et 431 millions d’Euros qui ont été dépensés pour l’année 2011 en Recherche et Développement. Ces personnes traitent de disciplines très variées, certaines au centre du cœur de métier de Saint-Gobain comme les matériaux, d’autres un peu plus éloignées comme les mathématiques. Ce sont près de 400 brevets qui ont été déposés en 2011.
Pour être le plus au centre des attentes des marchés, Saint-Gobain a défini des programmes stratégiques permettant de proposer plusieurs produits ou solutions sur des marchés émergents et dont les développements semblent prometteurs. Ces programmes stratégiques sont au nombre de huit et englobent des sujets comme la pile à combustible, l’éclairage ou encore le solaire. Ces programmes stratégiques sont hébergés au sein d’un des six grands centres de recherche à vocation transversale. Les centres de recherche du groupe Saint-Gobain sont répartis dans 6 pays de part le monde, la France, l’Allemagne, l’Espagne, le Royaume-Uni, les Etats Unis et la Chine. Ces centres de recherche ont un lien très fort avec les usines, ce qui est indispensable pour l’industrialisation des innovations d’une part, pour intégrer au sein de la recherche les processus de fabrication d’autre part.
Cependant, l’innovation ne porte pas seulement sur les produits mais aussi sur les services. La partie distribution est en pleine recherche de solution pour adapter ses offres aux évolutions des besoins et aux clientèles nouvelles, via des showroom et des plateformes de distribution. Une « académie » a de la même manière été créée au Royaume-Uni afin d’enseigner les compétences et pratiques pour construire durable.
L’innovation au sein du groupe passe aussi par l’ouverture à l’international, raison pour laquelle Saint-Gobain s’ouvre vers l’extérieur. Des structures dédiées ont été créées pour remplir différentes missions, à savoir l’exploration des opportunités offertes par l’évolution des marchés et des technologies pour repérer les marchés et les technologies émergentes. Une autre structure s’occupe de la recherche d’entreprises prometteuses afin de conclure des partenariats ou de les racheter tandis que la dernière s’occupe d’animer un réseau de collaboration universitaire de haut niveau à travers le monde.
Conclusion
Pour conclure, il semble que l’avenir et la croissance de Saint-Gobain passe d’une part par la recherche et l’innovation, afin d’être capable de proposer des produits spécifiques et innovants pour les pays développés et par l’implantation dans des pays en développement d’autre part pour répondre à des problématiques de logement.
On a pu constater un développement dans les pays à forte croissance (BRIC, etc.…) avec notamment une augmentation des investissements industriels en Asie et dans les pays émergents, qui sont des acquisitions rapidement créatrices de valeur. En tout, ce sont plus d’1 milliard d’euros qui ont été investis dans les pays à forte croissance.
Il ne semble donc pas prévu de réindustrialisation de la France par Saint-Gobain mais le développement de ce groupe industriel français semble prometteur, lié aux implantations et aux exportations dans et vers de nombreux pays.
Simon Bourdet