Invité par les Femmes Chefs d’Entreprises Mondiales (FCEM), Guy Gweth, Fondateur de Knowdys, est intervenu le 26/09/13 au World Congress de Marrakech sur les opportunités d’investissements en Afrique. Placé sous le Haut Patronage de S.M. le Roi Mohammed VI et la Présidence effective de S.A.R. la Princesse Lalla Meryem, cet événement mondial a vu la participation de 800 femmes de 70 pays, presque toutes attirées par l’Afrique.
Guy Gweth a commencé son intervention en rappelant le rôle exceptionnel joué par Sa Majesté le Roi Mohammed VI depuis 1999, à travers sa diplomatie économique, pour inciter les entreprises chérifiennes à partir à la conquête des marchés subsahariens. Le fondateur de Knowdys a tenu à préciser que les échanges commerciaux du Maroc avec le sud du Sahara représentent à peine 4% du total des échanges commerciaux du Royaume avec l’extérieur mais qu’il existe une dynamique pour renverser la vapeur. Guy Gweth a ensuite décliné la structure de son intervention en Forces/Faiblesses des économies locales et en Menaces/opportunités pour les Femmes Chefs d’Entreprises Mondiales (FCEM). Ces quatre entrées constituent, selon l’orateur, des fenêtres de business à saisir en fonction des secteurs d’activités.
Pour Guy Gweth, la première force du continent africain est sa population. La classe moyenne africaine avoisine les 340 millions. Equivalente en nombre aux classes moyennes chinoise et indienne, elle constitue un réservoir de consommateurs pour les produits de luxe et de confort moderne, de voitures, d’ordinateurs, de smart phones, de réfrigérateurs, de machines à laver, etc. L’augmentation attendue des dépenses de consommation de 60%, à 1 400 milliards de dollars d’ici 2020 sur le continent, selon des chiffres de la Banque mondiale, participe des facteurs qui encouragent et rassurent des investisseurs inquiets de la forte dépendance des économies africaines vis-à-vis des cours des matières premières. Les investisseurs internationaux, et les FCEM, en particulier, considèrent l’émergence d’une classe moyenne et la croissance de la consommation comme deux des atouts les plus séduisants des marchés africains.
Toujours parmi les forces, Guy Gweth a relevé la place de l’Afrique comme principal gisement de matières premières dans le monde. Si l’on prend simplement le cas des matières premières agricoles, on note, a-t-il souligné, qu’avec 60% de terres mondiales non cultivées, “l’Afrique se positionne comme une région clé pour la sécurité alimentaire mondiale. Sous la pression des prix alimentaires croissants, de la demande accrue en agro-carburants, en matériaux bruts et en bétail nourri au grain, des multinationales telles que Glencore ou Armajaro et des pays riches tels que le Brésil, la Chine ou le Qatar investissent pour sécuriser leurs filières alimentaires. Les FCEM aussi peuvent contribuer à faire de l’Afrique le grenier du monde.” Pour l’expert en intelligence économique et strratégique, ce créneau est d’autant plus rentable que “ le changement climatique pourrait faire baisser la production de 16 % dans le monde et de 28 % dans le seul continent africain au cours des 50 années à venir” d’après Robert Zoellick, ancien directeur de la Banque mondiale.
Guy Gweth a ensuite passé en revue les cinq principales faiblesses du continent dont la première, à ses yeux, reste l’instabilité politique. “Au cours des 50 dernières années, a-t-il déclaré, l’Afrique a enregistré 85 coups d’Etat, soit un moyenne de plus 1,5 coups d’Etat par an. Ceux qui font du business dans ces conditions sont notamment les industriels de l’armement, du médicament, de l’eau en bouteille et des aliments hyper protéinés… Ils se battent également pour faire prospérer leurs affaires en Afrique…”
En termes d’opportunités, Guy Gweth s’est refusé à délivrer un “Top 10 des secteurs où il faut absolument investir en Afrique”. Pour lui, l’Afrique entière est un immense chantier à ciel ouvert, c’est la plus grosse opportunité d’affaire connue au monde à l’heure actuelle et l’espace géographique le plus rentable de la planète. “Les classements sont frappants pour faire la Une des journaux, mais on risque de laisser sur le bord de la route la femme chef d’entreprise de Bahreïn qui fabrique des objets de décoration, l’esthéticienne africaine-américaine ou la businesswoman chinoise qui fabrique des jouets pour enfants. Ces trois FCEM pourraient réussir aussi bien que l’opérateur Télécom qui occupe la première place du Top 10.”
Pour finir, Guy Gweth a estimé que la principale menace qui guette les femmes chefs d’entreprises en Afrique est d’ordre culturel: “il faut laisser les clichés de côté, se former et agir dans le sens de la responsabilité sociale et sociétale des entreprises”. Le CEO de Knowdys a clos son intervention par une confidence inattendue: “un proverbe arabe dit que si vous parlez avec les lèvres, vous toucherez les oreilles. Mais si vous parlez avec le cœur, vous toucherez les cœurs. Parce qu’elles agissent avec leur cœur, les FCEM ont plus de chance que les hommes pour réussir en Afrique subsaharienne, au regard de la matrice culturelle locale”, a-t-il conclu.
Linda Marshall
MBA