Le salon des entrepreneurs se tenait les 4 et 5 février au Salon des Congrès de Paris. Une occasion de faire le point sur l’entrepreneuriat en France, d’en comprendre les enjeux et les difficultés, mais aussi d’entendre les solutions préconisées par les entrepreneurs pour un meilleur soutien à leurs projets.
Le nombre d’entreprises créées en France a triplé ces dix dernières années, grâce à des entrepreneurs à succès portant des idées riches en innovation et en créativité. Nous pouvons citer les exemples de Criteo de Romain Niccoli, Kiss Kiss Bank Bank de Vincent Ricordeau, ou encore Envie de Fraise de Anne-Laure Constanza …
Un bon entrepreneur
Quand on les interroge sur les compétences nécessaires pour devenir un bon entrepreneur, beaucoup répondent “de l’énergie”. “De l’audace comme vecteur de confiance mais également de l’humilité liée à la ténacité” clame Anne-Laure Constanza, créatrice d’Envie de Fraises. Il existe en France de nombreuses aides à la création d’entreprises (BPI France, réseaux d’entreprises, etc.). Il y a-t-il un souci d’équilibre dans les aides Françaises? Le problème se pose lorsque les entreprises veulent faire appel à des fonds pour assurer leur développement: l’accès au financement reste difficile. “L‘éco-système évolue: il y a de plus en plus de recherches de financement avec de gros tickets, c’est un besoin ! (...) Il faut créer de plus gros fonds” considère Albert Ollivier, président de Capintech.
“Créer, c’est simple, mais grandir, c’est difficile”. Comment réussir?
Voilà la question que pose Dominique Caignart, directeur du réseau BPI France. Selon lui, une des erreurs à ne pas commettre est “de rester seul, d’aller trop vite et de ne pas assez préparer son plan de financement”. Il faut savoir s’entourer des bonnes personnes, car en effet, “les entrepreneurs sont choyés en France, mais cela reste difficile” complète Frédérique Clavael, présidente de l’ACPE.
Toujours est-il qu’en devenant entrepreneur, on doit aussi développer d’autres compétences: “savoir être en veille et savoir anticiper” ainsi que “la capacité à rebondir sur les échecs” énonce d’abord Grégory Sagez, président de BGE. Il est essentiel de faire évoluer son projet, et de procéder à une analyse d’informations stratégiques – structure concurrentielle, évolution du marché, des avancées technologiques et des tendances socioéconomiques – et pour cela il faut se poser les bonnes questions, trouver l’information pertinente et utile au bon moment.
Existe-t-il une limite au web commercial ?
Facebook se positionne pour accompagner la transition digitale en entreprise, avec notamment l’initiative “les PME recrutent”. “Le numérique doit être au cœur de la stratégie des entrepreneurs, car les Français et vos clients s’attendent à cela” assure Laurent Solly, PDG de Facebook en France. “Sur le numérique, la problématique est toujours d’aller chercher des clients et surtout de les fidéliser” poursuit–il. Ce marketing basé sur le profilage du consommateur ne serait–il pas vu comme du harcèlement ? L’Internet permet d’innover dans les secteurs des services et des technologies, avec des produits extrêmement futiles ou au contraire, indispensables. “Mais où faut–il s’arrêter dans le développement des technologies? Jusqu’où doit-on aller dans le tracking des consommateurs sur le net, le marketing one to one? Jusqu’où aller dans la vente de ces informations?” questionne Bernard Cathelat, fondateur et directeur de recherche du Centre de Communication Avancée.
L’innovation est souvent d’ordre technologique mais elle peut aussi se faire sur un autre terrain, comme le prouvent bon nombre d’exemples à succès d’entrepreneurs sur la toile. My Major Company est un exemple type: “au moment où l’industrie du disque allait très mal, nous avons pu nous lancer en tant que producteur de musique indépendant grâce à Internet”, se souvient Michael Goldman, le fondateur. Il faut réinventer la satisfaction, “il faut innover dans le web commercial!” lance Bernard Cathelat.
En ce qui concerne le crowdfunding – en prêt ou en participation au capital – la réglementation est en cours d’élaboration. “Nous voulons d’un cadre réglementaire qui libèrera le financement participatif et nous permettra plus de créativité” estime Vincent Ricordeau, fondateur de la plateforme Kiss Kiss Bank Bank. Les pouvoirs publics commencent à entendre cette demande et ce vendredi 14 Février, Fleur Pellerin a annoncé publiquement un assouplissement du cadre réglementaire du financement participatif: le Crowdfunding va devenir une réelle alternative pour les start-ups.
Mais déjà, des PME parviennent à lever plusieurs milliers d’euros sur des plateformes comme Wiseed. “Les freins au crowdfunding: la réglementation – qui va changer – mais surtout la peur du risque ressentie par les épargnants”, constate Thierry Merquiol, le fondateur.
Les entrepreneurs Français s’accordent malgré tout pour noter que de nombreux freins à l’entrepreneuriat persistent en France: compléxité administrative, instabilité fiscale, difficulté d’accès au financement via des Business angels ou du crowdfunding. Mais le développement de l’entrepreneuriat et de la compétitivité ne se fera pas sans l’aide de l’intelligence économique: de la dématérialisation à l’e-réputation sur les réseaux sociaux, en passant par l’identification de futurs investisseurs solides, le recensement efficace sur internet, la veille concurrentielle et la stratégie d’entreprise. Autant d’éléments indispensables à toute nouvelle entreprise cherchant à développer une compétitivité solide pour affronter un marché globalisé.
Marion RIPERT
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