New-York, Netflix et le démon de Hell’s Kitchen redistribuent les cartes de la production

Marvel Studios – branche de Disney – et Netflix – pure player américain dans le domaine de la production et de la diffusion de contenus exclusifs sur internet – ont signé en février 2014 un contrat d’un nouveau genre avec la ville de New-York qui développe de ce fait une véritable stratégie d’influence. L’occasion pour nous d’y revenir dessus avec la sortie de la série Daredevil.

Coup de tonnerre dans le microcosme du cinéma américain. En 2009, la Walt Disney Company rachète Marvel Entertainment et prévoit d'adapter sur le grand écran les aventures des différents héros des comics Marvel. Dans la veine de succès tels qu'Iron Man, la société de production a réussi à développer un véritable univers cinématographique dans lequel évoluent les personnages soit en solo, soit en groupe. Le point d'orgue : la sortie le 11 avril 2012 du blockbuster a succès The Avengers et des recettes estimées à hauteur de 1,5 milliards de dollars.

Fort de ce succès, il était légitime de se demander quelles frontières allait pouvoir dépasser le studio. Non content de s'emparer des espaces de diffusion des différentes salles obscures à travers le monde, il semble aujourd'hui clair que la télévision en est la prochaine étape.

Dans ce cadre précis et après deux super-productions télévisuelles – Marvel Agents of S.H.I.E.L.D. et Agent Carter – aux fortunes différentes sur des canaux de diffusions traditionnels, Marvel s'est tourné vers Netflix. Devant le portefeuille de personnages à explorer et tous n'ayant pas l'envergure du grand écran, le fait que Netflix s'y intéresse permet à Marvel de délivrer un contenu plus mature et touchant un public différent.

En tout, ce sont 4 franchises et une mini-série qui ont été mises en phase de pré-production et sur lesquelles la ville de New-York a jeté son dévolu : Daredevil, Iron Fist, Luke Cage et Jessica Jones. C'est Andrew Cuomo, gouverneur de l'Etat de New-York depuis 2011, qui a décidé d'attirer l'activité de grosses productions hollywoodiennes afin de mettre en avant la Grosse Pomme.

Les studios Disney se sont donc engagés à engager 200 millions de dollars sur trois ans pour le tournage et la production de 60 épisodes d'une heure exclusivement sur le territoire New-Yorkais. En échange, de crédits d'impôts à hauteur 4 millions de dollars, 400 emplois à plein-temps et 3000 emplois à temps partiel ont été créés.

Depuis 2007 et la crise économique, l'Etat de New-York a généralisé ce type de pratiques et alloue 400 millions de crédits d'impôts par an aux productions télévisuelles et cinématographiques pour des bienfaits économiques estimés à 6 milliards de dollars et 400 000 emplois.

Les quartiers de Manhattan, Brooklyn et le Bronx ont encore un bel avenir devant eux.

Olivier Larrieu