Pourquoi le format numérique et internet sont-ils particulièrement adaptés à la mise en œuvre de l’intelligence économique, notamment en ce qui concerne les PME ?
Avec l’arrivée du web 2.0 et la digitalisation de l’économie, les PME ont pu se doter des moyens d’acquisition, de traitement et de diffusion de l’information jusque-là réservés aux grandes entreprises. Elles ont ainsi pu, entre autres :
– accéder plus aisément aux bases de données professionnelles,
– surveiller leur environnement ainsi que ce qu’on disait d’elles,
-étendre leur influence par des moyens de communication peu coûteux (en particulier : les réseaux sociaux).
Les trois volets de l’intelligence économique (veille, sécurité, influence) ont donc bénéficié de la numérisation de l’économie. D’autant plus que le format numérique matérialise l’information et la rend plus manipulable, c’est-à- dire appropriée aux multiples traitements nécessaires aux pratiques d’IE : captation, reformatage et enrichissement, comparaison et recoupement, analyse, synthèse, publication… Et cela pour un coût réduit, en dehors du temps passé à ces activités. On peut noter que la numérisation permet aussi de s’affranchir de la distance et d’utiliser des canaux d’information internationaux, autrefois hors de portée des PME. Les entreprises exportatrices sont donc particulièrement concernées par l’intelligence numérique.
Reprenons une à une les trois phases d’une démarche d’IE et voyons à quelles conditions elles peuvent se prêter à une approche numérique. La mise en œuvre d’une plateforme de veille électronique ne peut donner des résultats satisfaisants que si on a ciblé précisément les sujets à surveiller et qu’on mobilise les meilleures sources d’information. Sur ce dernier point, il faut préciser que les sources d’information doivent être adaptées aux sujets surveillés, assez qualitatives, pas trop redondantes entre elles, et qu’elle doivent pouvoir être connectées au dispositif de surveillance. Il faut donc à la fois de la technique et de la méthode.
La surveillance de l’e-réputation de l’entreprise suppose que l’on veille sur toutes ses « manifestations » : raison sociale, enseignes, logos, marques, noms des dirigeants… Par ailleurs, elle ne sera efficace que si l’on parvient à prendre en compte le plus grand nombre de média sociaux (blogs, forums, réseaux sociaux professionnels ou grands publics, vidéos…) sans laisser trop de « trous dans la raquette ».
Enfin, la communication d’influence que l’on mène sur les réseaux sociaux devra cibler les experts reconnus de la problématique considérée. Les relations menées sur le web auprès de ces influenceurs seront d’autant plus fructueuses qu’elles seront complétées par des approches IRL (« In Real Life »). Par exemple, des échanges lors de manifestations professionnelles ou des travaux menés en commun.
Pour toutes ces raisons, on comprend que le format numérique facilite bien une activité d’IE opérationnelle, surtout si on prend soin d’intégrer entre elles les différentes étapes décrites ci-dessus et de les relier à l’activité quotidienne de l’entreprise. Mais on gardera à l’esprit qu’il convient de ne pas survaloriser l’aspect technique au détriment du facteur humain. L’intelligence économique ne peut se contenter de la seule démarche numérique, aussi puissante soit-elle.
Benoît Maille / CCI Paris Ile-de- France