[CR] Intelligence économique et internationalisation : Rabat accueille les SID

Jeudi 15 novembre 2018, la Médiathèque de la Fondation Mohammed VI de Promotion des Œuvres Sociales de L’Education-Formation en partenariat avec le cabinet Delta Knowledge Group accueillait la première conférence du cycle “Strategic Intelligence Days” (SID), traitant de l’intelligence économique et de l’internationalisation des entreprises marocaines en Afrique.

Le retour du Maroc au sein de l'Union Africaine, sa possible adhésion à la CEDEAO et l'intérêt croissant des opérateurs marocains pour le reste de l'Afrique rendent ce sujet d'actualité. Les entreprises chérifiennes cherchent ainsi à mieux s'équiper afin de mener au mieux leurs développements sur le continent. Cette conférence visait à mettre en avant "l'apport de l'intelligence économique en tant qu'avantage comparatif pour les opérateurs souhaitant s'internationaliser" souligne Amine Dafir, enseignant-chercheur et un des trois organisateurs des SID, aux côtés de Thibault Chanteperdrix et de Zouhir Leghnimi. Chaque conférence se veut également un moyen de connecter les entreprises avec les universitaires en créant un cadre favorable au partage d'informations.

 

Un défi pour les entreprises marocaines

Les entreprises marocaines sont aujourd'hui confrontées à deux défis majeurs : la remise en question globale de leurs chaînes de valeur appliquées à l'environnement ciblé d'un côté, et la nécessité de capter une information raffinée et de l'exploiter à des fins stratégiques de l'autre. Thibault Chanteperdrix, dirigeant-fondateur du cabinet de conseil en intelligence économique Delta Knowledge Group et initiateur des SID, évoque dans son analyse pour Aujourd’hui Le Maroc un "challenge informationnel extrêmement qualitatif ayant pour objectif d'identifier, de qualifier, de prioriser et d'anticiper les risques associés à une activité internationalisée, dans le but de pouvoir ensuite déterminer la stratégie la plus éclairée pour mener à bien cette opération". A ce titre, il s'agit pour les entreprises marocaines d'amorcer une réflexion poussée afin de consolider ou de se doter des capacités utiles à la captation, à l'analyse, à la protection et à la diffusion de leur propre information stratégique. Sans cela, elles ne pourront appréhender que de manière parcellaire les déterminants régissant l’interaction des sphères économiques, politiques et sociétales de la zone cible.

 

Une nécessaire pédagogie

L'information est une richesse immatérielle pour l'entreprise qui peut se démultiplier en circulant. Les entreprises restent pourtant peu sensibilisées à l'apport des techniques d'intelligence économique à leurs stratégies de croissance, notamment les PME. Si cette première conférence visait évidemment à amorcer un éveil à cette situation, elle voulait également souligner la nécessité de lancer des formations spécialisées et transdisciplinaires afin de former des professionnels de l'intelligence économique, de l'influence, ou encore de la collecte d'informations, de son traitement et de sa sécurité. Amine Dafir va plus loin.  Il souhaiterait en effet voir s'impliquer des professionnels au sein de ces formations, afin que les étudiants puissent bénéficier à la fois d'une vision théorique et de compétences techniques à valoriser sur le marché. Dans une démarche d'internationalisation où une entreprise doit connaître le marché ciblé, son environnement, la législation qu'elle va se voir appliquer, la culture du pays cible, ou encore les actions de ses concurrents. L'intelligence économique apparaît alors comme un outil puissant de développement de la compétitivité, en permettant notamment de dévoiler des opportunités non apparentes et d'appréhender les défis majeurs d'une zone géographique.

Cette première et prometteuse conférence des "Strategic Intelligence Days" a donc la grande ambition de développer les techniques d'intelligence économique afin que ses bénéfices spécifiques puissent profiter aux grands projets d'internationalisation des entreprises en cours au Royaume du Maroc. Porteur d'espoir, ce mouvement de projection des entreprises marocaines à travers le continent et notamment en Afrique de l'Ouest, pourrait ainsi s'inscrire dans le cadre d'un développement endogène et durable du continent africain.