Le nouveau contrat d’EDF aux Émirats arabes unis

Déjà présent dans plus de 20 pays à travers le monde, EDF part à la conquête du marché nucléaire émirati. L’entreprise française a annoncé le 22 novembre avoir conclu un partenariat avec la Nawah Energy Company afin d’exploiter ce qui sera la première centrale nucléaire du monde arabe.

Aux origines de la centrale de Barakah

Plusieurs représentants de la filière nucléaire française devraient suivre ce projet démarré en 2009. Un consortium français composé d’Areva, de GDF Suez, de Total et d’EDF avait alors répondu à un appel d’offres visant à la construction de deux ou trois réacteurs nucléaires aux Émirats arabes unis. Le chantier avait alors été confié à une société coréenne, KEPCO (Korean Electric Power Company), aux dépens du consortium français. L’entreprise coréenne était chargée de la construction de quatre réacteurs pour une somme avoisinant les 20 milliards de dollars. Le chantier a été inauguré en avril 2011, quelques jours seulement après la catastrophe Fukushima au Japon.

La construction du premier des quatre réacteurs s’est achevée cette année. Celui-ci était supposé entrer en marche l’an dernier, mais la date d’ouverture a dû être repoussée. En effet, l'Autorité fédérale pour la régulation nucléaire (Federal Authority for Nuclear Regulation (FANR)), instance émirienne, a refusé d’octroyer une licence d’exploitation à Nawah, joint-venture entre KEPCO et l’Emirates Nuclear Energy Corporation (ENEC).

Les trois autres réacteurs ne sont pas encore opérationnels, mais la centrale de Barakah serait aujourd’hui achevée à hauteur de 90%. Située à l’ouest du pays, celle-ci se trouve à moins de cinquante kilomètres de la frontière saoudienne. L’installation couvrira une importante partie des besoins en électricité du pays, mais il est probable qu’une autre partie de l’énergie produite prenne la direction de l’Arabie Saoudite.

 

Une nouvelle opportunité de croissance pour EDF

Dans ce contexte et après avoir mis en service sa première installation d’énergies renouvelables aux Émirats arabes unis avec la mise en place d’un parc solaire à Dubaï en mai dernier, le groupe EDF a été chargé de « l’exploitation et de la maintenance de la centrale de Barakah ». Le contrat de longue durée fera appel à l’ensemble du groupe EDF, dont la filière Framatome est spécialisée dans la fourniture d’équipements de centrales nucléaires. Dans son communiqué, l’entreprise précise que l’accord concerne des services dans plusieurs domaines, dont « la sûreté, la radioprotection, la gestion du cycle du combustible et le suivi environnemental » de la centrale.

L’entreprise française s’est engouffrée dans la brèche créée par la FANR lorsque celle-ci a refusé d’octroyer une licence d’exploitation à la joint-venture émiratie-coréenne. Elle fait ainsi valoir son expérience et son savoir-faire dans le domaine nucléaire au niveau international, et remporte un contrat important autant que symbolique, Barakah étant la première centrale nucléaire du monde arabe.

Par ailleurs, EDF devrait intensifier son activité à Barakah au fur et à mesure de l’ouverture des trois réacteurs encore en construction. À ce titre, Mark Reddemann, directeur exécutif de Nawah, a salué l’appui et l’expertise d’EDF qui devra sans doute transmettre une partie de son savoir-faire au profit de la société émirienne. Parallèlement, l’accord s’inscrit dans la stratégie d’EDF « CAP 2030 » visant à tripler ses activités hors Europe d’ici 2030. Il participe aussi, dans un cadre plus large, à l’entretien des relations économiques entre la France et les Émirats arabes unis, son deuxième partenaire commercial dans le Golfe après l’Arabie Saoudite.

Clément Lichère