La fusion de Peugeot-Citroën (PSA) et Fiat-Chrysler (FCA) vient d’être acceptée par les actionnaires de PSA, actant la création de Stellantis, le quatrième groupe automobile mondial. Ce dernier, bien qu’il devrait sur le papier bénéficier aux deux constructeurs soulève des questions quant à l’avenir du fleuron français et de sa présence hexagonale.
Il aura fallu un peu plus d’un an pour que l’alliance annoncée à la fin d’année 2019 entre Peugeot-Citroën et Fiat Chrysler, validée par l'Union européenne le 22 décembre 2020 est désormais officielle. En effet, les actionnaires de PSA viennent de voter le 4 janvier à plus de 99% en faveur de la création de Stellantis, le groupe aura son siège social aux Pays-Bas. En quelques chiffres, Stellantis dispose de 167 milliards d’euros de chiffre d’affaires, détient 14 marques et emploie environ 400 000 salariés. Au sein de ce nouveau groupe, Carlos Tavares, actuel président-directeur général de PSA et John Elkann le président de Fiat Chrysler Automobiles sont respectivement directeur général et président du conseil d’administration de la nouvelle entité. Cette dernière a pour objectif de renforcer les constructeurs malgré une alliance dont le coût devrait s’élever à 4 milliards de dollars en permettant de réaliser jusqu’à 5 milliards d’économies par an tout en accroissant leur pouvoir de marché.
Cependant, ce « mariage d’égaux » ne convainc pas tout le monde. Phitrust, un petit actionnaire de PSA (moins de 1%) juge que cette alliance est une prise de contrôle de PSA par Fiat-Chrysler. Selon ce dernier, les meilleures performances du français, moins impacté économiquement par le covid-19 que son concurrent italien, ne justifient pas une fusion à parts égales. Du point de vue technologique, la fusion est l’occasion pour FCA de rattraper un retard, notamment sur la voiture électrique dont le constructeur a raté le virage. Peugeot compte de son côté sur une meilleure implantation de l’italo-américain outre-Atlantique pour se développer. Effectivement, PSA pourrait passer un cap en co-dirigeant le quatrième constructeur mondial derrière Volkswagen, Toyota et Renault-Nissan, d’autant plus au vu de la fragilité de son concurrent français.
A la question de la gouvernance s’ajoute celle de l’emploi: Phitrust et plusieurs syndicats craignent une compression salariale au sein de Stellantis afin de réduire les coûts de production. En ce qui concerne le capital, Le français et l’italo-américain détiendront chacun la moitié des parts de Stellantis. En outre, la famille Peugeot et la famille Agnelli qui détient Fiat resteront les principaux actionnaires, avec respectivement 7,2% et 14,4% des parts. Cette fusion scelle ainsi l’alliance entre deux des plus grandes dynasties de l’industrie automobile européenne. De plus, les 6,2% que détiendra Bpifrance permettront d’équilibrer l’actionnariat de Stellantis entre français et italiens. De son côté le chinois Dongfeng qui possède 11,24% de Peugeot vendra une partie de ses actions pour finalement peser 5,6% du capital de l’alliance. L’année 2021 sera cruciale pour Stellantis qui devra démontrer sa solidité dans un contexte économique difficile pour l’industrie automobile qui subit l’une des pires crises de son histoire. La nouvelle entité devra également évacuer les craintes françaises quant à l’avenir de la gouvernance du groupe et le maintien des emplois dans l’Hexagone. Pour la marque au lion, Stellantis peut être une opportunité stratégique majeure par la taille qu’il lui confère comme une menace pour son indépendance future.
Julien Cossu
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