Visa est sous enquête antitrust pour pratiques abusives et anticoncurrentielles aux Etats-Unis, l’entreprise étant accusée de pratiquer des tarifs élevés sur les transactions et d’orienter ces dernières sur son réseau. L’investigation qui cible Visa rappelle les déclarations de la nouvelle administration et du Department Of Justice sur la nécessité de surveiller les marchés financiers et le contexte de défiance envers les géants du numérique.
L’enquête antitrust du département de la justice américain sur Visa concerne les pratiques de cette dernière sur le marché des cartes de crédit et des transactions. L’entreprise est accusée d'orienter les transactions sur son propre système de paiement, ne laissant ainsi pas le choix aux commerçants d’opter pour un système moins coûteux bien que moins connu. En outre, une autre enquête antitrust sur Visa s’est conclue début janvier par un abandon de celle-ci sur le rachat à hauteur de 5,3 milliards de Plaid. Visa était accusé de monopoliser le marché américain des systèmes de paiements en rachetant Plaid, un concurrent prometteur aux frais de transactions bien moins élevés que ceux pratiqués par les grands du marché que sont Visa et Mastercard.
Les deux enquêtes interviennent dans un contexte où les géants du numérique sont de plus en plus critiqués voire poursuivis pour leurs pratiques, en témoigne le cas récent de Google qui est ciblé par des plaintes antitrust. L’importance prise par les GAFA(M) est d’autant plus criante en pleine pandémie du fait du télétravail et de la fermeture des commerces. Le pouvoir des GAFA(M) se reflète aussi sur les systèmes de paiements américains, intermédiaires totalement indispensables au fonctionnement du commerce en ligne. Les difficultés de Visa aux Etats-Unis ouvrent potentiellement la voie à une nouvelle enquête européenne sur les pratiques de l’américain sur le Vieux Continent. Une enquête avait déjà été lancée en juillet 2020 par la Commission européenne sur les règles du Digital Wallet de l’entreprise.
Les accusations pesant sur Visa rappellent l’incapacité de l’Europe à mettre en place un système de paiement concurrent, même si le projet “European Payments Initiative” (EPI) lancé par de grandes banques européennes pourrait changer la donne dans les années à venir.
Julien Cossu
Pour aller plus loin :