En accordant le “label vert” à l’énergie nucléaire et au gaz, la Commission européenne les inscrit pleinement dans le Green Deal européen visant la neutralité carbone d’ici à 2050. Perçue comme une victoire pour la France et les pays de l’Est, cette décision divise profondément les européens sur leurs politiques énergétiques respectives, et parfois contradictoires.
Concrètement le texte permet une réduction des coûts de financements des projets détenant le label vert et doit permettre d’encourager les investissements privés – indispensables pour la transition énergétique – vers ces secteurs grâce à une incitation réglementaire sous certaines conditions.
Le label ne fait pourtant pas l’unanimité au sein de l’Union Européenne. L’Allemagne d’abord, a choisi de sortir du nucléaire et rejette une telle classification pour le nucléaire (mais pas pour le gaz). L’Autriche ensuite, a déjà annoncé son intention d’engager une action en justice contre la création du label vert pour les centrales nucléaires, à laquelle se sont joints le Luxembourg, le Portugal et le Danemark. Ce texte révèle les difficultés des pays européens à sortir de leurs dépendances aux énergies fossiles, ainsi que l’absence d’harmonisation de ces derniers dans leurs modèles énergétiques.
Le Parlement européen dispose de quatre mois pour débattre de la proposition mais elle suscite déjà un rejet de nombreuses ONG écologistes qui dénoncent l’inclusion des centrales à gaz pour leurs émissions de CO2, et les centrales nucléaires à cause de ses déchets radioactifs et le risque d’accident. Bruxelles revendique une approche pragmatique sur ce sujet, ne niant pas les difficultés associées aux deux énergies. Elle les juge cependant nécessaires à titre transitoire pour atteindre les objectifs de décarbonation de l’UE d'ici 2050. Affaire à suivre pour la France qui produit 75 % de son électricité à partir du nucléaire et qui voit dans cette décision une aubaine pour défendre le bilan contrasté de son action climatique.
Arnaud Sers
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