Comment la France renforce son positionnement dans le secteur du NewSpace ? Avec l’annonce des lauréats de l’appel d’offres pour les micro-lanceurs, sous l’impulsion du président Emmanuel Macron, les start-ups françaises se préparent à franchir une étape décisive pour s’adapter aux nouveaux défis du spatial européen. Des investissements stratégiques dans l’avenir du spatial français, qui pourraient redéfinir les normes de l’exploration et de l’exploitation spatiale pour les années à venir.
Le pari des micro-lanceurs français
Lors de son déplacement du 25 mars en Guyane, le Président Emmanuel Macron a annoncé que les entreprises Latitude et HyPrSpace ont remporté l’appel d’offres pour la mise en orbite d’une charge utile de 100 et 200 kg à 400 km d’altitude. Le vol de Latitude est prévu pour la fin de l’année 2026, et 2027 pour HyPrSpace. Sirius Space Services (ArianeGroup) et MaiaSpace, les deux autres start-ups françaises émergentes dans le domaine, sont également sélectionnées dans un autre appel d’offres, mais pour des masses utiles et des altitudes plus importantes.
Une américanisation du NewSpace français
Grâce au Plan France 2030, le gouvernement a prévu une enveloppe de 400 millions d’euros pour financer le premier lancement des quatre acteurs sélectionnés. Ce financement ne vise pas à subventionner le développement de ces lanceurs, mais bien à acheter des services de lancement. L’objectif est de se rapprocher de ce qui est fait aux États-Unis ; avec des achats de services aux entreprises telles que SpaceX ou Blue Origin. Contrairement à la participation de l’État dans le programme Ariane 6, où d’importants moyens financiers et humains sont mobilisés, l’objectif de ce financement se limite à l’accompagnement du développement d’acteurs français du NewSpace.
Le spatial européen : entre retards et concurrence
L’annonce de ce financement intervient dans le contexte d’un spatial européen en perte de vitesse. Les retards d’Ariane 6 couplés à la forte compétition imposée par les lancements de SpaceX mettent à mal la souveraineté spatiale européenne.
En échange de sa participation au financement d’Ariane 6, l’Allemagne a demandé l’ouverture à la concurrence de plus petits lanceurs capables d’embarquer des charges utiles de quelques centaines de kilos. Des acteurs allemands (Rocket factory Augsburg, Hylmpulse Technologies, Isar Aerospace), espagnols (PLD Space) et italiens (Avio) se positionnent donc comme de sérieux concurrents aux fleurons français.
En complément de l’accompagnement de ces champions nationaux, le gouvernement français va également investir 50 millions d’euros dans son port spatial guyanais. L’objectif de Paris est de moderniser son port spatial, construire de nouveaux pas de tir adaptés pour accueillir de futurs micro-lanceurs, et ainsi rester en phase avec les attentes du spatial des prochaines décennies.
Thomas Dereux pour le club Souveraineté et Industrie de l’AEGE
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