La France investit dans le renouvellement d’une logistique navale vieillissante

Le Comité ministériel des investissements de défense (CMI), vient d’annoncer le lancement du projet de renouvellement de la flotte. Il fait suite à l’amendement au projet de loi de finances 2012 proposé par les députés du Finistère Marguerite Lamour et de Haute-Marne François Cornut-Gentille. Celui-ci prévoit une enveloppe de 5 millions d’euros au PLF 2012 pour mener les études préalables au projet.

Les missions de la Marine Nationale sont très longues, en raison de la distance et du temps nécessaire aux navires pour se rendre sur les zones de conflits. Les bâtiments de guerre doivent donc posséder une grande autonomie mais ont également besoin de ravitaillements réguliers : nourriture pour l’équipage, munitions, carburant, pièces de rechange ainsi que divers matériels d’équipements. 




Ce soutien logistique permanent, essentiel aux missions,  est réalisé par une flotte logistique dédiée. Celle-ci, composée de navires ateliers, de pétroliers ravitailleurs, de navires magasins, de navires hôpitaux, constitue l’allonge de la flotte de combat. Américains et Britanniques, deux des flottes les plus puissantes au monde, ont ainsi développé une deuxième Marine spécialement responsable de la logistique Navale : Le Military Sealift Command et la Royal Fleet Auxilary.



La Marine Nationale Française dispose de quatre bâtiments logistiques, le pétrolier-ravitailleur Meuse, ainsi que les bâtiments de commandement et de ravitaillement Var, Marne et Somme, entrés en service respectivement en 1980, 1983,1987 et 1990.



Or, la durée de vie d’un navire de guerre est d’environ 30 ans et ceux-ci doivent également se conformer aux normes européennes :

"Ces bâtiments sont des monocoques, c'est-à-dire qu'ils ne sont plus conformes aux normes en vigueur. Au moindre incident, la France pourrait se voir reprocher ce point et s'expose donc à des risques forts. Nos alliés pourraient même s'opposer à ce que nous déployions ces navires dans des opérations internationales. Par ailleurs, au moindre incident, toute la flotte de ravitailleurs devra rester au port, limitant fortement la capacité d'action de la marine" – Marguerite Lamour, Députée du Finistère, devant la Commission de la Défense. 



DCNS positionne sa nouvelle frégate BRAVE


De plus, l’accentuation des conflits dans certaines régions requiert une implication accrue de la flotte, augmentant le taux d’utilisation et d’usure des bâtiments : « Le déploiement de forces à l'étranger et l'utilisation intensive du groupe aéronaval conduisent à un emploi soutenu de ces bâtiments dans des zones de combat. Pour éviter toute rupture capacitaire, il est nécessaire d'engager dès aujourd'hui les études pour envisager le remplacement ou la modernisation de ces navires »



Pour la construction des futurs bâtiments, des collaborations avec les voisins européens ont été envisagées. Un partenariat avec l’Angleterre, un temps envisagé,  se retrouve mal engagé, puisque les besoins des deux nations ne sont pas en phase: les anglais désirent des bâtiments spécialisés et donc plus nombreux, alors que la France souhaite investir dans un nombre limité de navires polyvalents.



Pour construire les futurs navires, la France pense évidemment à DCNS qui a notamment développé un nouveau concept de bâtiment logistique baptisé Brave. Respectant la réglementation maritime internationale, Brave est un navire à double coque conçu pour intégrer des normes OMI comme MARPOL (pollution). Il mesure 198 mètres pour un déplacement de 30.000 tonnes. Selon les prévisions de la DGA, la construction du premier navire, destiné à remplacer la Meuse, devrait intervenir en 2015

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Le projet de renouvellement de la flotte logistique semble bien engagé, et  DCNS est en pôle position avec sa nouvelle frégate BRAVE. C’est une bonne nouvelle pour la Marine Nationale, en pleine lutte contre la piraterie et engagée dans pas moins de 15 opérations extérieures.

Michel Vuillemin