La marine chinoise bientôt mue par la propulsion nucléaire ?

Fin février dernier, China Shipbuilding Industry Corporation (CSIC), une entreprise étatique de construction navale, a annoncé qu’il serait le fabriquant d’un troisième porte-avion pour la marine chinoise. Celui-ci aurait la particularité d’être le premier de la flotte à être doté de la propulsion nucléaire.

Cette nouvelle entre en résonance avec la volonté du Président Xi Jinping de constituer une marine dite « océanique » et de moderniser l’armée chinoise.

Cette modernisation s’opère, entre autres, par l’utilisation de la propulsion nucléaire dans le plus de bâtiments navals possibles – à commencer par les sous-marins. Elle se fait également par la volonté de construire un « arsenal ship » ou encore de se doter d’un canon électro-magnétique.

La Chine rejoint les grands

Jusqu’à présent, seuls deux pays possédaient des porte-avions à propulsion nucléaire : les États-Unis et la France. En se dotant d’un tel atout, la Chine ferait un pas de géant vers une marine puissante.

L’intérêt majeur de la propulsion nucléaire est bien entendu l’autonomie qu’elle confère. Cette dernière peut être entendue dans un sens temporel, mais aussi stratégique.

En effet, la propulsion nucléaire donne un temps d’autonomie bien plus long que pour les bateaux à propulsion conventionnelle tels que les deux premiers porte-avions chinois. À titre informatif, le Charles de Gaulle aurait 9 ans d’autonomie (1). Cette capacité nouvelle permettrait à la marine chinoise de naviguer plus longtemps dans des eaux plus lointaines.

La technologie nucléaire permet, par ailleurs, de stocker plus de munitions et de transporter une plus grande quantité de carburant puisque ce dernier maintenant réservé exclusivement à l’approvisionnement des avions. Équipée d’un tel navire, la marine chinoise pourrait protéger plus efficacement ses routes maritimes et pèserait davantage sur le plan diplomatique.

Ces deux avantages combinés conféreraient à la marine chinoise une plus grande autonomie stratégique.

Cependant, si la propulsion nucléaire est si rare de par le monde, c’est qu’elle est difficilement accessible pour la plupart des pays. Les Chinois peuvent-ils relever ce défi ? Certains s’accordent à dire que oui.

Une information vraisemblable ?

Si l’annonce est importante, il est cependant à noter qu’elle a fait l’objet d’un retrait de la part de l’entreprise concernée le mercredi suivant. De même, l’État chinois n’a pas officialisé cette construction.

De nombreuses questions peuvent être soulevées : était-ce une erreur de communication de l’entreprise ? L’État chinois chercherait-il à taire la nouvelle ? Quelle serait son intention derrière cette dissimulation ?

Il est difficile de comprendre les tenants et aboutissants de cette opération. Cependant, compte-tenu de la capacité technique grandissante du pays et de la volonté de son Président, il est à parier que cette information ne restera pas longtemps sans fondement.

 

Manon Fontaine Armand

 

(1) Propos tenus par le Pacha du Porte-avion Charles de Gaulles à l’occasion de la conférence de la PMS États-Majors marine ouverte au public