Au cours des dernières semaines l’Indonésie et les Philippines, clients pour le moins modestes de l’industrie d’armement française, ont délégué leurs ministres de la Défense respectifs à Paris pour examiner les possibilités de diversifier leurs acquisitions, sur fond de tension maritime avec la Chine.
Sur une période de dix ans (2009-2018), la France a exporté pour 1,36 milliards d’euros d’équipement militaire vers l’Indonésie et pour seulement 17,2 millions d’euros vers les Philippines. Le nouveau ministre de la Défense indonésien, Prabowo Subianto, avait effectué une visite à Paris le 13 janvier dernier. Elle était précédée de celle, encore moins médiatisée, du secrétaire à la Défense Nationale philippin, le général Delfin N. Lorenzana. Lors de sa visite à Paris le 27 novembre 2019 dans le cadre d’une tournée européenne, le Secrétaire à la défense philippin et la Ministre des armées française ont signé une lettre d’intention (LOI) sur le renforcement de la coopération en matière de défense dans le domaine maritime, ainsi qu’un accord technique sur la coopération en matière d’équipements de défense entre les deux pays. Le Général Lorenzana a d’ailleurs déclaré que la France figurait sur la liste des pays en cours d’évaluation en tant que fournisseur de sous-marins pour les Philippines.
Ces dernières sont particulièrement intéressées par l’acquisition de deux sous-marins de type « Scorpène », fabriqués en France par Naval Group, qui comprendrait un transfert de technologie. Le Secrétaire à la Défense avait ainsi confirmé avant son voyage que ces sous-marins étaient inclus dans la liste des acquisitions potentielles et a estimé à son retour que ces sous-marins étaient adaptés aux besoins de son pays.
De son côté, la Malaisie s’était équipée en 2009 de deux bâtiments de ce type. Celle-ci pourrait faire profiter son voisin philippin, et partenaire au sein de l’ASEAN, de cette expérience. Le Secrétaire à la défense estime par ailleurs que la décision sera prise en 2020 et que les bâtiments pourront être livrés dès 2027. Dans ce cadre, Naval Group est notamment en compétition avec le groupe coréen Daewoo Shipbuilding & Marine Engineering (DSME) et son modèle de sous-marin Chang Bogo-class, avec l’allemand ThyssenKrupp Marine Systems (TKMS) et ses sous-marins de type 209/1400 et type 214 et enfin avec les Admiralty Shipyards russes avec leur « Kilo-class Project 636 ».
L’envergure de la flotte sous-marine en Asie du Sud et du Sud-Est a considérablement augmenté ces dix dernières années et plusieurs pays ont lancé des programmes ambitieux. Comme le rappelait déjà le Nikkei Asian Review du 17 mai 2017 : « […] de Singapore aux Philippines, les pays de l’Asie du Sud-est multiplient leurs dépenses en vue d’acquérir des sous-marins et d’autres navires pour augmenter leurs capacités navales sur fond de tension en mer de Chine méridionale ».
Francis Striby