Ce mardi 15 novembre 2022, l’ambassadeur de Côte d’Ivoire a annoncé aux Nations Unies le retrait progressif des 900 Casques bleus ivoiriens présents au Mali dans le cadre de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali (Minusma). Cette décision risque d’accroître l’isolement de la junte militaire au pouvoir et d’affaiblir le pays face à la menace terroriste.
La déclaration Ivoirienne fait suite aux décisions britannique, suédoise et égyptienne de retirer leurs troupes du pays. Une source gouvernementale allemande a également indiqué que les 1 100 soldats de la Bundeswehr quitteraient le Mali d’ici fin 2023. Les Occidentaux se justifient en dénonçant le partenariat “contreproductif” entre l’État malien et le groupe russe Wagner. La France, quant à elle, a pris la décision de suspendre leur aide publique au développement (APD). En effet, depuis la prise de pouvoir de la junte militaire suite au coup d'État de 2021, de nombreux pays fournissant la Minusma ont vu leur relation se dégrader avec Bamako. C’est dans ces conditions que la Côte d’Ivoire a dû faire face à la capture de 49 de ses soldats en juillet 2022, alors accusés par le pouvoir en place d’être des “mercenaires”.
Par conséquent, l’isolement du Mali s'accroît sur la scène internationale et ce malgré l’influence grandissante de leurs “nouveaux amis” russes. Face à cette implantation, Emmanuel Macron a annoncé vouloir ériger l’influence au rang de “fonction stratégique” afin de riposter à la lutte informationnelle menée par la Russie sur le sol malien. Par ailleurs, la présence du groupe paramilitaire Wagner ne semble pas parvenir à résoudre les nombreux problèmes sécuritaires, notamment terroristes, du pays. De plus, la suspension de l’APD, pourrait mettre la Russie, déjà en train de rapatrier les troupes de Wagner dans la région pour cause de guerre en Ukraine, dans une situation très inconfortable vis-à-vis de son allié malien.
Un point d’étape de l’ONU concernant la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali est prévu en janvier 2023, et pourra s’avérer décisif pour le pays et la région, dont la sécurité économique est considérablement impactée par la déliquescence malienne. Aussi, l’influence sera-t-elle désormais considérée comme une fonction stratégique de la politique extérieure française !
Loïc Bonnet
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