Le 22 janvier dernier, le général d’armée Thierry Burkhard était invité à s’exprimer sur les grands enjeux stratégiques contemporains. Il a pu détailler l’importance pour l’armée française de maîtriser l’information, tout en luttant efficacement contre les actes de guerre informationnelle.
Ces dernières années ont été marquées par des « ruptures » dans un monde qui s’accélère. Dans ce contexte, le chef d’état major des Armées (CEMA) identifie plusieurs marqueurs qui définissent l’environnement stratégique dans lequel nous évoluons. Invité par la Chaire Grands enjeux stratégiques contemporains de la Sorbonne le 22 janvier, le CEMA s’est exprimé sur le thème de la « confrontations et recompositions stratégiques ».
L’un des marqueurs identifiés est la « puissance de l’information ». Elle est devenue un enjeu de puissance que les États essaient de maîtriser par le biais d’une stratégie de « guerre informationnelle ». Souvent employée dans les conflits asymétriques par « le plus faible », la guerre de l’information se définit par les 3 catégories suivantes : la désinformation, la contre-information et la résonance. Cette guerre informationnelle est d’autant plus d’actualité qu’elle s’inscrit dans une « manœuvre de désoccidentalisation ».
Une nouvelle ère
Le Général Burkhard constate qu’un nouveau paradigme régit l’environnement dans lequel nos armées doivent évoluer. Il définit ce « nouveau monde » par le triptyque suivant : compétition, contestation, affrontement.
C’est dans cet « état de compétition permanent dans tous les domaines, que le champ informationnel est le champ de bataille par excellence, s’articulant autour de stratégies hybrides ». La compétition peut donc se résumer au fait de « gagner la guerre avant la guerre ». Face à ce constat, il semble nécessaire que les armées françaises comprennent et utilisent les mécanismes d’une telle stratégie. C’est pourquoi au cours des exercices militaires de haute intensité de nouveaux champs sont pris en compte comme le cyberespace et la bataille de l’information.
L’objectif pour nos armées étant « d’être plus présent, plus habile dans le champ informationnel » afin de défendre nos intérêts. Des intérêts qui peuvent être menacés comme récemment en Afrique où l’armée française a dû faire face à de nombreux cas de guerre informationnelle.
Enfin pour le CEMA la « sécurité et n’est pas que l’affaire des militaires ». Dans une logique de cohésion nationale, le monde civil est lui aussi concerné et menacé par ce type d’attaque. Face à la perspective d’un conflit nécessitant l’implication de toute une société, le risque serait d’avoir « une population civile qui n’a pas envie de se défendre » et ce avant même que les premières balles n’aient été tirées.
Valentin Mathieu
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