Rheinmetall et Leonardo ont annoncé le 15 octobre un nouveau partenariat stratégique, qui vient directement concurrencer l’acteur franco-allemand historique du secteur, KNDS.
Cette coentreprise nommée Leonardo Rheinmetall Military Vehicles (LRMV), s’écarte délibérément de l’axe Paris-Berlin, isolant la France dans un domaine où elle jouait historiquement un rôle clé avec l’Allemagne, à travers KNDS. Le partenariat entre Krauss-Maffei Wegmann et Nexter, formant KNDS en 2015, avait pour objectif de renforcer la coopération européenne avec le char Main Ground Combat System (MGCS). Les désaccords entre la France et l’Allemagne ont largement fragilisé le projet, entraînant de nombreux retards. Initialement prévu pour 2040, le MGCS semble désormais hors de phase avec les besoins pressants de sécurité. Ces retards ont créé une opportunité pour Rheinmetall de se tourner vers d’autres partenaires, comme Leonardo, pour avancer plus rapidement dans la production de nouveaux véhicules militaires.
Le projet Leonardo Rheinmetall Military Vehicles (LRMV), quant à lui, entend produire des véhicules militaires dès les deux à trois prochaines années avec une forte visée sur les marchés internationaux, au-delà de l’Italie. Rheinmetall gagne petit à petit du terrain dans l’industrie de défense européenne. L’agilité de l’entreprise allemande dans le secteur pourrait séduire, et contraste avec les collaborations franco-allemandes traditionnelles, comme celle de KNDS, qui peinent à suivre le rythme, notamment pour des questions politiques et des divergences entre les deux rives du Rhin.
Ainsi, cette nouvelle alliance germano-italienne renforce l’idée que les partenariats inter-étatiques sont essentiels au développement des technologies de défense, souvent très couteuses, comme ce peut être le cas du programme de char lourd MGCS ou celui du véhicule léger VBAE.
Paul Riquier
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