HQE, BBC, ISO, RT, … quèsaco ? Surfant sur la vague du développement durable et du Grenelle de l’environnement, le monde de la construction a produit un florilège de sigles, certifications et autres labels. Cet article a pour modeste ambition d’expliquer les significations de ces acronymes et aussi leurs conséquences.
Développement durable
On en trouve partout, des yaourts aux ordinateurs en passant par les tunnels ! Existe-t-il une activité économique qui ne se revendique pas "bio" ? Mais de quoi s'agit-il exactement ? Qui mieux que le Ministère du développement durable pourrait donner une définition du Développement Durable ? La page web intitulée "Une définition du développement durable" est édifiante : 1 page format A4, 431 mots, 2761 caractères. Incompréhensible ! Nous nous contenterons donc de la définition proposée en 1987 par la Commission mondiale sur l’environnement et le développement. En 21 mots, tout est dit : "Un développement qui répond aux besoins des générations du présent sans compromettre la capacité des générations futures à répondre aux leurs". Le développement durable est donc qualitatif, d'où son usage abusif par les services marketing qui le servent à toutes les sauces.
Haute Qualité Environnementale (HQE)
Il s'agit d'une association à laquelle adhèrent librement des entités (sociétés, administrations, …). Elle porte sur les ouvrages et l’aménagement opérationnel. Le projet (bâtiment, ouvrage de travaux publics, quartier urbain, …), pour être HQE doit satisfaire à 7 cibles parmi les 14 listées par la Définition Explicite de la Qualité Environnementale. Ces cibles couvrent des domaines complémentaires : santé, confort, éco-gestion et éco-construction. HQE mesure donc l'impact du projet pendant sa création mais aussi celui qu'il aura durant son utilisation. Certains aspects de la démarche HQE sont encadrés par des Normes françaises (NF).
Règlementation Thermique (RT)
Conséquence du protocole de Kyoto sur les émissions de CO2, les Règlementations Thermiques (on compte pour l'instant RT 2005, RT 2010, RT 2012) se focalisent sur la performance énergétique des bâtiments. Elles obligent à la réalisation d'un diagnostic de performance énergétique en cas de vente du logement ; ceci se matérialisant par les étiquettes que l'on voit désormais fleurir sur les vitrines des agences immobilières : deux graphiques indiquent respectivement la consommation d'énergie à l'usage du bâtiment (comme les étiquettes collées sur nos réfrigérateurs) et la production de gaz à effet de serre.
ISO 14000
De même que l'ISO 9000 est un système de management de la qualité, l'ISO 14000 est un système de management de l'aspect environnemental. C'est-à-dire que l'ISO 14000 est une démarche volontaire qui ne fixe pas d'objectif ; c'est une méthodologie permettant à l'entité (entreprise, communauté, …) de mesurer l'impact environnemental d'un processus et potentiellement de l'améliorer.
Bâtiment Basse Consommation (BBC)
BBC est un label qui caractérise la consommation énergétique d'un bâtiment. Pour être BBC, une construction doit avoir une consommation inférieure à 50kWh/m²/an en énergie primaire. On tient donc compte de la perte d'énergie liée à la transformation d'une énergie primaire (p.ex. le pétrole) en énergie secondaire (p.ex. l'électricité). De même, des coefficients modèrent, à la baisse ou à la hausse, cet objectif de 50 kWh/m²/an selon l'exposition climatique du logement ; sinon, comment être équitable entre un chalet alpin et un mas provençal ? Inutile donc de diviser simplement la facture EDF par la surface ; c'est plus compliqué !
Par contre, il est "facile" d'améliorer la performance d'un bâtiment en ajoutant un panneau photovoltaïque puisque sa production énergétique vient en déduction de sa consommation. C'est par ce bais que certaines constructions sont "à énergie positive".
Ces quelques lignes permettent de préciser les concepts environnementaux les plus fréquents et que nous manipulons souvent sans bien les connaître.
D'un point de vue IE, outre l'impact louable que ces initiatives ont et auront sur notre planète, il faut savoir que l'environnement est aussi un "business" énorme. Depuis quelques années, on voit apparaître de nombreux cabinets, agences et experts qui vont calculer l'impact environnemental potentiel d'un projet, qui font des audits de vérification, qui font de la formation pour expliquer ces concepts aux entreprises souvent dépassées par la profusion règlementaire… Les différentes parties-prenantes de ce marché ont donc tout intérêt à entretenir le flou qui règne actuellement ; elles maintiennent de fait leur propre activité.
En résumé, certains pour promouvoir une démarche sincère de respect de l'environnement et des personnes, d'autres pour "faire du chiffre" autour du concept de la protection de la nature, tous ont contribué à l'apparition de notions nombreuses et complexes, aujourd'hui reprises un peu approximativement par le grand public. Il ressort que ces concepts se recoupent par bien des aspects et que telle ou telle entreprise aura intérêt à choisir intelligemment son "label" en fonction de ses objectifs industriels et commerciaux. De son côté, le consommateur ne doit pas se leurrer ; de même que les consommations réelles de nos voitures sont bien différentes de celles des publicités, l'impact environnemental des constructions sera plus lié à la façon de les utiliser qu'à l'obtention d'un écolabel, preuve en est les résultats des audits menés sur les premiers bâtiments BBC et qui ont affiché des consommations énergétiques décevantes comme l'a montré une récente étude du Centre Scientifique et Technique du Bâtiment (Les Echos – 22 mars 2010).
Un détail au passage, nous n'avons parlé ici que des initiatives françaises. Si nous devions faire un inventaire au niveau européen…
Expert dans le domaine du BTP