Entretien avec Véronique Chapuis-Thuault sur l’Intelligence Juridique

Le Portail de l’Intelligence Économique reçoit Véronique Chapuis-Thuault, fondatrice et CEO de LEX Colibri afin d’aborder les enjeux relatifs à l’utilisation du droit en IE et au développement de l’intelligence juridique en France.

Capucine Viviani (CV) :  Bonjour Véronique, merci beaucoup de répondre à nos questions pour le Portail de l’Intelligence Économique. Pourriez-vous définir le terme d’« Intelligence Juridique » ? 

Véronique Chapuis (VC): L’Intelligence Juridique est définie, à partir de la définition proposée par le professeur Bertrand Warusfel, comme l’ensemble des méthodes, des moyens et des techniques permettant à un acteur – privé ou public – de connaître l’environnement juridique dont il est tributaire pour l’intégrer dans sa stratégie, d’en identifier et d’en anticiper les opportunités et les risques, d’agir sur son évolution et de disposer des informations nécessaires pour pouvoir mettre en œuvre les instruments juridiques et les solutions opérationnelles aptes à réaliser ses objectifs stratégiques et à se préserver. 

 

CV : Comment et pourquoi avez-vous eu l’idée de déployer l’Intelligence Juridique ?

VC : La première idée a porté sur le besoin d’intégrer le droit et les enjeux juridiques dans les réflexions et process de l’intelligence économique. En 2009 par exemple, on constate que les définitions de l’Intelligence économique comprenaient des critères tels que politiques, économiques, sociaux, environnementaux mais ne parlaient pas du droit. 

 

CV : Pourquoi avoir créé LEX Colibri ? 

VC : LEX Colibri s’est créé sous l’aimable invitation de clients qui souhaitaient optimiser des process de montage de contrats, d’organisation de relations partenariales, de valorisation ou de lutte contre la corruption avec une approche simple et pragmatique. 

 

CV : Quelles sont les prestations proposées par votre start-up ?

VC : Les prestations vont du conseil à la formation avec une approche ergonomique et prophylactique du droit pour simplifier la vie des entreprises et des directions juridiques. LEX Colibri est une entreprise plutôt qu’un cabinet de consulting car il a vocation à créer de nouveaux processus, modèles, guides, produits et services pour ses clients et à les former pour qu’ils les utilisent de façon autonome ou à les faire diffuser par des sociétés expertes. Bien sûr un accompagnement sur demande reste toujours possible.

 

CV : Pourriez-vous expliquer plus exactement ce qu’est le légal BI et le marketing du droit ? Quelle est la différence ? 

VC : Le droit et les métiers du droit sont en pleine (r)évolution à la fois sous la pression des évolutions des entreprises et des affaires et grâce à l’apparition d’outils ITIA (informatique et intelligence artificielle). Pour profiter de ces sources de progrès, il faut se réinventer et se doter d’outils et de méthodes. 

Pour y parvenir, les juristes doivent rendre le droit plus lisible, mettre en lumière sa dimension stratégique, montrer les gains possibles de même que les options et les lignes rouges. Les méthodes de l’intelligence économique doivent aider à le faire de même que celles du marketing du droit.  Parler de marketing du droit plutôt que de Legal Design a pour objectif d’introduire la prise en compte du besoin client dans la présentation du droit et de sa mise en œuvre. 

 

CV : Quelle est votre méthode pour intégrer le droit en amont de la décision avec une approche transversale ? 

VC : La compréhension des stratégies et du contexte associé à l’écoute des besoins et de la directive du dirigeant est clef. À partir de là, la présentation du droit doit viser à répondre à ces points et pointer ce qui peut être une réponse juridique et ce qui, au contraire, doit être une réponse opérationnelle. Si une réponse n’est pas claire il faut creuser la question. Un seul objectif demeure : répondre au besoin du dirigeant en trouvant des solutions conformité avec le droit applicable.

 

CV : Quel est le périmètre dans lequel vous opérez ? Étudiez-vous tous les pays ? 

VC : Le périmètre est celui du B to B mais le B to C (ndlr, business to business, business to client) devrait en bénéficier car faire plus simple et plus clair en interne devrait avoir des effets sur les relations clients. 

 

CV : Est-ce que votre entreprise propose une activité complètement innovante ou cela existe-t-il déjà ?  

VC : Il existe des conseils en IE, en stratégie, des conseils juridiques et des LegalTech ainsi que des cabinets qui accompagnent les directions juridiques pour évoluer. A l’étranger notamment aux US, il existe des sociétés de Legal BI. En France, la combinaison des approches telle que réalisée par LEX Colibri a été pointée comme innovante. C’est pour ça que LEX Colibri a été sélectionnée par BFM Business comme entreprise innovante pour parler de son activité. Les besoins sont importants en France et à l’étranger.

 

Propos recueillis par Capucine Viviani pour le Portail de l’IE