La nouvelle course à la Lune sera-t-elle énergétique ?

La Lune a de tout temps inspiré de nombreuses légendes et entretenu de nombreux fantasmes. Aujourd’hui, l’exploitation humaine de la Lune est de plus en plus probable et est au cœur d’une course scientifique. Elle possède en effet de nombreuses ressources, qu’elles soient rares sur Terre, ou bien plus courantes qui intéressent de nombreux pays, par leurs propriétés et les applications possibles en découlant.

Dans les ressources rares sur Terre, on peut citer l’hélium-3, qui est un isotope de l’hélium, et qui, combiné au deutérium, permettrait de produire d’importantes quantités d’énergie. On pourrait en  citer de nombreuses autres qui seraient à même de modifier notre mode de vie. On trouve aussi des ressources moins rares comme l’eau ou encore la lumière solaire. Des projets d’implantations d’immenses fermes solaires sur la Lune sont en cours d’étude et pourront se révéler extrêmement intéressant pour pallier à la crise énergétique terrestre, ceci à cause de la plus forte exposition de la Lune aux rayons solaires, du fait de l’absence d’atmosphère.

La découverte de ces ressources s’accompagnent par ailleurs d’une augmentation du nombre de programme destinés à envoyer des hommes ou des robots sur la Lune. On peut citer notamment l’agence américaine NASA et l’agence chinoise CNSA qui, suite à la découverte d’eau sur la Lune, ont décidé de développer des vols habités vers la Lune et des bases lunaires. On trouve également le projet russe qui prévoit d’envoyer des cosmonautes sur le sol de notre satellite d’ici à 2020. Mais l’on constate aussi qu’outre les géants spatiaux, de plus en plus de compagnies privées s’intéressent à ce problème, motivées par la récompense de 30 millions de dollars offerte par la NASA et Google au premier à placer un robot sur notre satellite. Cette nouvelle course à la Lune a bel et bien pour ambition de donner le coup d’envoi à l’exploitation des ressources de la Lune, des pays comme la Chine, l’Inde ou le Japon ne s’en cachent pas.

Cependant, le droit de la Lune n’est pas clairement défini. Selon le traité international établi sous l’égide de l’ONU pendant la Guerre Froide en 1967, il est stipulé que « l'espace extra-atmosphérique, y compris la Lune et les autres corps célestes, ne peut faire l'objet d'appropriation nationale par proclamation de souveraineté, ni par voie d'utilisation ou d'occupation, ni par aucun autre moyen ». Il est donc impossible pour quiconque de revendiquer tout ou partie de la Lune. Cela fait que la Lune appartient soit à tout le monde, soit à personne.

Un second traité de 1979 réglemente l’exploitation éventuelle de la Lune et des autres corps célestes. L’exploitation est autorisée et réglementée, stipulant entre autre que les ressources de la Lune et des autres corps célestes forment le patrimoine commun de l’humanité, principe constituant un obstacle à l’exploitation de la Lune. Mais le problème de ce traité est qu’il n’a été signé que par peu de pays, et ratifié par encore moins, laissant une possibilité d’action à de nombreux pays comme les Etats-Unis, la Russie ou encore la Chine.

Dans ce dernier traité, l’utilisation des ressources lunaires est autorisée, bien que limitée, tant que l’exploitation est à des fins scientifiques. Pour ce qui est de l’exploitation commerciale des ressources de la Lune, elle est pour l’instant réglementée d’une telle manière que peu de pays dont aucune puissance spatiale n’a à ce jour signé le traité d’une part, et que, d'autre part, quand bien même celui-ci serait ratifié, aucun Etat ne se lancerait dans l’aventure. En effet, les budgets sont beaucoup trop importants à soutenir et le traité stipule une répartition équitable des ressources exploitées entre puissances spatiales et pays en développement.


On peut donc s’attendre à des modifications dans les traités internationaux afin de permettre l’exploitation des ressources non-renouvelables et renouvelables de la Lune, permettant aux Etats de s’associer à des partenaires privés afin d’amortir les coûts de telles opérations. Les cinq principales agences spatiales (Etats-Unis, Union Européenne, Russie, Japon, Chine) se donnent d’ailleurs rendez-vous cette semaine au Canada pour discuter d’enjeux qui iront surement plus loin que l’avenir de la Station Spatiale Internationale.

Simon Bourdet