La thématique des affaires internationales, de même que la relation de la France à l’Europe et au monde en général n’a jamais été un thème très mobilisateur lors d’une campagne présidentielle
Cette constante est une nouvelle fois vérifiée. Absentes des grands rassemblements, ignorées par le capharnaüm médiatique, les affaires internationales sont marginalisées. Censément, cela peut être justifié. La crise économique, avant d'être systémique et prétendument mondiale, est avant tout une crise « occidentale », qui touche les pays dits développés. Une crise qui touche notre zone de confort. De ce fait, pourquoi regarder à l'extérieur quand nous sommes touchés en notre sein ? Des thématiques comme le pouvoir d'achat sont davantage dans l'air du temps et plus proches du quotidien immédiat.
Néanmoins, cette absence fait face en 2012 à un paradoxe aveuglant. Alors que le monde craque, que les lignes de tensions se multiplient et s'attisent, que les dépenses d'armements ne cessent de grimper, on peut regretter de la mise au second plan d'une problématique majeur pour la France.
Les relations internationales au sein du parti socialiste
Dès le 27 février 2011, en pleine révolution tunisienne, le porte-parole du PS, Benoît Hamon, n'hésitait pas à comparer la politique étrangère de Nicolas Sarkozy à un « fiasco total » doublé « d'un échec consternant et humiliant pour la France et les Français » . Il lançait alors, comme une promesse de débats riches et mouvementés « c'est en mai 2012 que la France aura l'occasion de retrouver sa place, son rang, son influence dans le monde ».
Le PS avait même dépassé cette posture rhétorique pour traduire dans les faits cette envie de changement, notamment dans le domaine des affaires internationales. Le PS a alors mis en place sur son site officiel un recensement cartographique des « fautes de la politique étrangère française » . S'y mêlent « la démission fracassante de Jean-Christophe Rufin » à «la France épinglée par Bruxelles» au sujet de Roms. En n'omettant pas la remarque suivante : «il a même vexé la reine d'Angleterre». Ces faits représentent bien évidemment des arguments mobilisables en temps de campagne.
Comme nous pouvons le constater durant cette campagne présidentielle, rares sont les sujets internationaux qui ont pu être mis sur le devant de la scène médiatique. Malgré la dureté de la répression syrienne organisée par Bachar al-Assad, le délitement des frontières infra-africaines (Somalie, Soudan, Mali), François Hollande, candidat officiel du PS depuis octobre 2011, en lice pour occuper la fonction suprême, s'est que rarement exprimé sur ces sujets.
De même, si l'on prend au mot le PS et que nous cartographions les déplacements de François Hollande à l'étranger, nous nous rendons compte que la liste est relativement restreinte. Pas de déplacements hors de l'Union Européenne . Et des visites au sein de l'espace européen qui ont donné des résultats mitigés de l'aveu des commentateurs.
Il serait faux de dire que le PS n'a pas de programme de politique étrangère. Si l'on met de côté le déroulement physique de la campagne, les déplacements et les débats qui ont pu avoir lieu dans les médias, il apparaît que le PS a travaillé cette question, par le biais notamment d'une Convention Nationale.
Comme permet de le montrer une simple capture d’écran des « essentiels » du programme socialiste, la thématique « International » est abordée par le biais du dossier « Europe ».
Au programme:
Nouveau traité franco-allemand pour succéder au Traité de l’Élysée, 50 ans après.
Négociations autour du budget européen (2014-2020).
Redéfinition d’une politique commerciale face aux concurrences déloyales.
L'essentiel « Première année du changement » contient des éléments de politique étrangère. Ceux-ci concernent à la fois l’espace européen et le monde entier:
• Dès son élection, dans une période allant du 6 mai au 29 juin, durant les fameux premiers « Cent Jours », François Hollande compte procéder à des « ruptures » dans la conduite des affaires internationales par la France. Les deux plus importantes sont l’annonce du retrait des troupes françaises d’Afghanistan dès décembre 2012. La seconde concerne « l’abrogation de la circulaire Guéant sur les étudiants ».
• À côté de cela, nous retrouvons la mesure phare qui occupe nos médias depuis quelques semaines, à savoir la « transmission à nos partenaires européens d’un mémorandum détaillé proposant un Pacte de responsabilité, de croissance et de gouvernance pour modifier et compléter le Traité de stabilité et réorienter la construction européenne vers la croissance».
• La dernière mesure consiste dans le lancement d’un nouveau « Livre Blanc sur la Défense Nationale ». Celle-ci n’en est pas véritablement une puisque le dernier Livre Blanc, publié en 2008, devait être révisé cette année.
La convention sur les relations internationales du parti socialiste avait découlé d’une symbolique intéressante et de principes forts.
Cette symbolique acte d’une prise de conscience du déplacement de centre de gravité mondial. Au regard de la direction des flux commerciaux français dans le monde, vers nos voisins européens, cette présence symbolique de « la nouvelle donne internationale » au sein de l’Asie Centrale apparait comme nécessaire. De même, cette sorte d’étoile à cinq branches de couleur différente laisse sous-entendre une politique internationale multidimensionnelle, dirigée vers chaque sous-ensemble (Europe de l’Est ; Asie Centrale ; Inde et Chine ; Moyen-Orient et Maghreb). Les cinq couleurs peuvent faire penser au logo de l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF) ou du Comité International Olympique (CIO).
Ces principes forts sont guidés par une logique unique : « rendre à la France tous ses moyens d'influence ».Pour décliner cet objectif, de multiples tactiques énoncées dans le désordre, qui font figure de grandes orientations:
« Nous redonnerons confiance et moyens à nos ambassades ».
« Nous restituerons au Parlement son rôle légitime d'évaluation et de contrôle politiques de la stratégie internationale de la France ».
« Nous accompagnerons le rôle complémentaire des collectivités territoriales ».
« Nous accompagnerons activement les Français à l'étranger ».
« Nous ne séparerons pas politique extérieure et action intérieure ».
En conclusion, nous pouvons dire que le Parti Socialiste a réfléchi à la question des relations internationales. Certaines de ces idées ont été formalisées au sein d’une Convention Nationale, adoptée à l’unanimité. Néanmoins, on peut regretter que ce sujet n'ait pas davantage était traité durant cette campagne.
Damien Soupart