Le retour de la planche à billet en France ?

Le quotidien allemand Die Welt a révélé avec fureur le 7 janvier 2013 le retour de « la planche à billet hors contrôle ». Un autre article du Deutsche Wirtschafts Nachrichten du 21 avril 2013 compare la BCE à « une maison de fous ». Par quelle mouche aurait été piquée la presse allemande ?

Un mécanisme opaque permettrait aux banques françaises d’échanger des titres à court terme, comme les certificats de dépôts, lettres de change, billets à ordre, ou encore papiers de commerce, sur un marché nommé STEP, Short-Term European Paper, contre de l’argent frais fourni par la BCE via la Banque de France qui se porte garante de ces titres dont la fiabilité est relative. Les titres doivent être notés au minimum BBB. Ce procédé complexe a déjà permis aux banques françaises de récupérer 190 milliards d’euros :  Société Générale et Dexia 35 milliards d’euro chacune, Crédit Agricole 27 milliards, Crédit Mutuel 25 milliards et Natixis 21 milliards.

Une opportunité stratégique ?

Le marché STEP offre à la France et à ses banques un moyen détourné de réinjecter de l’argent dans l’économie sans que l’Allemagne puisse mettre son veto. En effet malgré les demandes successives de l’Europe du Sud, François Hollande en tête, d’injecter plus de liquidités pour soutenir des économies fragilisées par la crise ; la BCE, sous la pression d’Angela Merkel, s’est toujours opposé à lâcher du lest.
L’Allemagne voit d’un très mauvais œil ce mécanisme et prédit « une gigantesque bulle financière » selon les termes de Jens Weidmann, chef de la Bundesbank.

Quelles conséquences pour notre économie ?

Les effets de cet afflux non contrôlé de liquidités pourraient être multiples :

  • une dévaluation de l’euro, ce qui serait favorable à nos industriels qui exportent hors zone euro 
  • une inflation, qui ferait baisser le coût du travail rendant plus compétitives nos entreprises.
  • il est cependant à craindre une perte de pouvoir d’achat pour les ménages français du fait de cette même inflation.

Même s’il est encore trop tôt pour mesurer les effets réels de ce nouveau mécanisme; il est indubitable que nous assistons ici à un tournant stratégique du fait que la BCE, autrefois fortement influencée par l’Allemagne qui l’encourageait à « serrer la vis », est aujourd’hui, par le truchement du marché STEP, moins regardante concernant les besoins de liquidités des autres pays de l’Union Européenne.

Tristan Brasseur-Kermadec