La dette représente un levier d’influence pour les créanciers qui la détiennent.
En effet certains Etats ou organisations comme l’UE ou le FMI peuvent utiliser ce levier pour influencer la politique d’un Etat dont ils détiennent de la dette. Or cette influence peut être bienveillante dans certains cas, destructrice dans d’autres.
Le coup de pouce
L’UE a plusieurs fois allégé, voire même annulé, la dette de pays africains dont elle voulait favoriser le développement. En 2012, l’UE a par exemple décidé de soutenir l’apurement de la dette guinéenne en effaçant 15 millions d’euros d’arriérés, en échange de quoi la Guinée s’est engagée à assurer la tenue d’élections législatives libres et transparentes. Néanmoins les choses ne se passent pas toujours aussi tendrement.
La tête sous l’eau
En 2001 l’Argentine, n’étant plus en mesure n’honorer sa dette publique, s’est vue dicter par le FMI -principal bailleur de fond du pays- un programme d’austérité sans précédent. Un plan drastique appelé “déficit zéro” s’est traduit par une hausse massive des taxes et impôts, un gel des dépenses à tous les niveaux de gouvernement, la dérégulation du système de santé et l'abolition pure et simple du système étatique de sécurité sociale. Ce plan a finalement eu l’effet inverse en suscitant plus d’inquiétude chez les investisseurs. Ainsi “le remède a tué le patient” en enfonçant le pays dans une crise économique, politique et sociale.
Finalement, après un soulèvement populaire et une loi décrétant “l’état d’urgence économique” en 2002, les dirigeants argentins entameront un long bras de fer avec le FMI qui débouchera en 2003 sur l’annulation de 75% de sa dette pour un montant de 94,3 milliards de dollars.
L’épée de Damoclès
Aujourd’hui la Chine détient 22% de la dette américaine, ce qui lui confère un pouvoir énorme. En effet si la Chine décidait de liquider brutalement ses avoirs en dette US, elle provoquerait l’effondrement de l’économie américaine. Cela dit, la Chine, possédant 3200 milliards de dollars en réserves de change dont 1160 milliards en bons du trésor US, majoritairement à long terme- dont elle ne peut s’affranchir immédiatement- n’a pas intérêt à voir chuter le billet vert. Ainsi, le trésor de guerre chinois libellé en dollar fait donc de la République Populaire l’allié objectif des Etats-Unis, du moins pour le moment.
Rappelons à titre informatif que la dette publique française est détenue à 65% par des créanciers étrangers, dont les ¾ sont hors UE.
Tristan Brasseur-Kermadec