Le 18 novembre dernier se tenait une conférence à l’ambassade suisse de Paris menée par Alexandre Melnik, ancien diplomate russe et Anne Marie Libmann, experte en Intelligence Economique. Au delà de la position géostratégique de la Russie du XXIème, sera retenue l’approche française de l’Intelligence Economique qui sert aujourd’hui les relations commerciales franco russes…
L’objectif de cet article est de mettre en lumière comment la démarche de l’Intelligence Economique prend toute sa place dans les stratégies des décideurs macroéconomiques et microéconomiques dans notre pays. La réflexion s’appuiera sur un exemple ciblé autour des apports de l’intelligence économique au service de l’implantation des entreprises françaises sur le marché russe. Dans quelle mesure cette démarche peut-elle être un outil pertinent et efficace pour accroître la compétitivité de nos entreprises dans un contexte rendu très difficile par la conjoncture internationale et les appréhensions face à la situation économique et politique russe ?
Pourquoi la France a besoin de son approche en IE pour mieux appréhender ses relations avec la Russie ?
L’approche de l’IE française intègre la notion de pluri-culturalité dans son analyse, en ce sens où elle considère les comparaisons et rapports entre cultures dans sa démarche. Le contexte géopolitique actuel la justifie d’autant plus.
C’est exactement ce qu’Alexandre Melnik a tenté d’expliciter lors de la conférence, en nous guidant sur les traces de l’histoire de la Russie, pays éminemment complexe à appréhender. En effet, la Russie cristallise ses passions et cet élément est à prendre en considération….Il faut tenter de comprendre la Russie car c’est possible et surtout nécessaire. Connaître la Russie, c’est avant tout savoir qu’elle représente le pays du sentiment et de la spiritualité quand la France est celui des normes et formalités. Connaître la Russie, c’est également prendre en compte tous ses éléments historiques fondateurs que sont Byzance, les slaves de l’Est mais aussi le pilier occidental. Connaître la Russie c’est enfin comprendre que le nihilisme juridique règne. Cet adage suggère un rejet total de la loi, notion qui n’est pas ancrée dans une culture dirigée de fait par la morale. La loi est même perçue comme une simple formalité, un pur produit de l’Occident.
L’ancien diplomate russe Alexandre Melnik nous appelle ainsi à dépasser le simple débat binaire du « pro » ou « anti » russe. Les faits sont là : des sanctions économiques ont été mises en place et ne doivent en aucun cas être une tentative d’isolation, qui serait suicidaire, ou pire encore la manifestation européenne d’un mouvement antirusse. Au contraire, elles doivent être pensées comme un moyen de servir le gouvernement et le peuple russe, pour les amener à imaginer d’autres perspectives.
Cette approche appliquée dans le monde des entreprises. Que se passe-t-il au niveau microéconomique ?
Ceci suppose de se demander comment faire des affaires avec la Russie dans le climat actuel ? Anne-Marie Libmann, responsable du pôle Russie et pays émergents de F.L.A Consultants a évoqué lors la conférence citée en introduction, une réelle guerre de l’information, sévissant sur tous les fronts, au travers de tumultueuses relations économiques internationales. Que croire ? Que faire ? Madame Libmann est amenée à se rendre très régulièrement en Russie : les sanctions économiques feraient de plus en plus questionner les russes sur leur modèle, des débats voient le jour… « Grâce ou à cause » de celles-ci ! En parallèle, il est observé de nombreuses entreprises qui s’implantent de manière agressive en Russie et le nombre d’étrangers qui y travaillent augmente. La question demeure : Comment soigner les relations commerciales dans ce contexte ?
C’est ici que l’IE intervient en ce qu’elle peut être nécessaire pour s’implanter en Russie.
Si les grandes entreprises intègrent davantage des méthodes de veilles informationnelles et donc de l’IE car elles possèdent leurs propres services d’informations, les PME manquent encore d’expertise dans ce domaine. En effet, elles doivent développer leurs démarches et renforcer leurs approches en IE en comprenant qu’une réflexion structurée et plus stratégique à partir d’informations traitées et vérifiées est le point de départ pour réussir son implantation. Un problème demeure encore : ces opérations ont des coûts souvent très élevés pour ce genre de structures.
Si la Russie est un pays complexe avec une culture difficile à saisir, il faut noter qu’il y a aujourd’hui en France des cabinets qui proposent des solutions aux entreprises pour les accompagner dans leur démarche d’expansion internationale. En d’autres termes, ils les guident vers les bonnes questions dont les réponses nécessitent souvent des méthodes de recherche très spécifiques et propres à chaque pays et acteur concernés. Le cas de la Russie révèle que les informations nécessaires se trouvent, comme pour beaucoup de pays, dans des bases de données publiques et privées. C’est ici que l’IE intervient, en mutualisant et croisant les diverses données collectées.
A retenir donc qu’il existe des cabinets spécialisés comme FLA Consultants qui poussent les entreprises à entreprendre ces démarches et ainsi appréhender dans les meilleures conditions possibles les marchés complexes. Autrement dit, faire en sorte que « la recherche d’information mérite autant d’intelligence que son traitement.»
De ces lignes, un message clair découle : l’information dans l’entreprise et pour l‘entreprise est stratégique ! Et s’il existe des entreprises qui associent de plus en plus information et performance, que faire pour que les entreprises le comprennent et l’appliquent dans leurs méthodes ? Il serait temps d’intégrer à l’agenda des entreprises et dirigeants une dimension stratégique de la maîtrise de l’information pour en fait associer performance et système d’information. Et surtout, le challenge serait désormais de sensibiliser les PME/PMI et leur trouver des moyens pour qu’elles développent des outils d’IE adaptés à leurs structures et modèles économiques.
Margaux Walck