Le développement de l’Angola à travers ses ressources naturelles

Second pays producteur de pétrole d’Afrique subsaharienne, l’Angola a connu une forte croissance de sa production durant la dernière décennie avec l’exploitation de nombreux gisements en eaux profondes. Sorti d’une longue guerre civile en 2002, le pays connaît cependant d’énormes disparités économiques et inégalités sociales, et doit faire face à la baisse actuelle des cours du pétrole.

L’Angola, ancienne colonie portugaise d’Afrique australe peuplée de 21 millions d’habitants, a obtenu son indépendance en 1975 après 14 ans de lutte armée conduite par des groupes indépendantistes. Le pays a ensuite souffert d’une guerre civile de 27 ans ayant pris fin en 2002 avec l’accord de cessez-le-feu de Luanda. Les élections législatives et présidentielles de 2012 – qui ont confirmé José Eduardo dos Santos président depuis septembre 1979 – ont parachevé de stabiliser le pays, qui a depuis entrepris un vaste programme d’investissements publics visant à reconstruire ses réseaux de transport, d’énergie et ses infrastructures.

Les hydrocarbures, fer de lance de l’économie angolaise

La reconstruction du pays est largement financée par les ressources pétrolières et activités minières, qui représentent près de 45% du PIB et 98% des exportations. Avec des réserves prouvées de 9,1 milliards de barils de pétrole brut, et une production journalière de 1,89 millions barils en 2013, l’Angola – membre de l’OPEP depuis 2007 – est en effet le deuxième pays producteur de pétrole d’Afrique subsaharienne derrière le Nigéria. Depuis la découverte de nombreux gisements en eaux profondes dans les années 1990, essentiellement concentrés autour du bassin Congo et de la Kwanza, la production du pays n’a eu de cesse de s’accroître avec un boom de la production entre 2002 et 2008.

La production devrait même atteindre 2 millions bpj à l’horizon 2015, grâce à l’exploitation du projet CLOV mis en production en juin 2014. Avec des réserves estimées à 500 millions de barils et une production journalière qui doit atteindre 160 000 bpj fin 2014, ce gisement pétrolier offshore situé à 140 kilomètres des côtes angolaises – qui représente un investissement de plus de 7 milliards de dollars dû à sa complexité technologique – est le dernier des quatre pôles de production du bloc 17 : après Girassol, démarré en 2001, Dalia en 2005 et Pazflor en 2011. Le bloc 17 produira ainsi 700 000 bpj et représente pour Total, qui en détient 40 %, son premier centre de production dans le monde. Le groupe français, par ailleurs premier opérateur en Angola, a également lancé en avril 2014 un autre projet géant (Kaombo du bloc 32) qui devrait produire 230 000 bpj à partir de 2017.

Malgré l’impact de l’exploitation pétrolière off-shore sur l’environnement marin, le gouvernement angolais tient à développer ses ressources tout en préservant celui-ci mais a également la volonté politique de renforcer la réglementation sur le pétrole en privilégiant le travail local et en engageant des partenariats entre des entreprises nationales et étrangères. La société nationale angolaise Sonangol créée en 1976 par le gouvernement est concessionnaire et actionnaire de bon nombre de blocs de production. En 2011, une loi exigeant aux compagnies pétrolières internationales d’utiliser des banques locales pour toutes leurs transactions a même été adoptée.

La richesse des autres ressources naturelles comme source de diversification de l’économie

Pour réduire sa dépendance au pétrole, l’Angola peut s’appuyer sur la richesse d’autres ressources naturelles comme le diamant qui, avec 10 millions de carats produits par an, place le pays au 5ème rang mondial en termes de production. Mais ce dernier peut également compter sur des potentiels miniers encore peu exploités comme le cuivre, le fer, le manganèse, ou l’uranium. L’Angola fait la promotion des investissements dans l’exploration et production de l’industrie du gaz naturel liquéfié (GNL avec le site de Soyo) et compte aussi multiplier par quatre ses capacités de production des ressources hydro-électriques d’ici 2025. Les secteurs de la construction, des services, du tourisme et de l’agriculture, constituent encore d’autres domaines grâce auxquels l’Angola pourrait diversifier son économie.

Coopérations politiques et économiques développées avec les pays lusophones et la Chine

Bien que peu présent sur la scène internationale, l’Angola joue un rôle important au sein de la communauté des pays de langue portugaise (CPLP) et exerce une forte influence régionale. Le Portugal reste d’ailleurs le premier partenaire commercial de l’Angola. Le Brésil appuie quant à lui les secteurs de l’énergie et de la construction à travers l’octroi de nombreux crédits.

Mais l’Angola renforce également sa coopération avec la Chine, qui par de nombreux prêts, a remporté la majeure partie des contrats pour la reconstruction du pays et se trouve être son premier partenaire économique en s’accaparant 61,5% des exportations angolaises, essentiellement concentrées sur les hydrocarbures. L’Angola est même devenu en 2005 le deuxième fournisseur de pétrole brut de la Chine, derrière l’Arabie Saoudite. Bien que second partenaire économique, les importations américaines de pétrole brut angolais ne cessent de diminuer en raison de l’augmentation de la production américaine de pétrole brut de qualité similaire.

Développement de l’aménagement du territoire mais vulnérabilité face aux marchés

Si le gouvernement angolais consacre davantage de budget à la protection sociale, l’éducation ou la santé depuis 2012, et semble faire de la lutte contre les inégalités une priorité, les conditions de vie demeurent encore très précaires puisque 68% de la population vit en effet avec moins de 2 dollars par jour. La capitale, Luanda, qui concentre la moitié des richesses du pays, subit une croissance démographique effrénée facteur de nombreux problèmes liés à l’insécurité et à l’inflation grandissante.

Si la rente pétrolière permet de financer le développement de l’aménagement du territoire de manière plus équilibrée, l’économie de l’Angola est quant à elle largement tributaire des prix du pétrole, puisque le budget angolais – établi sur la base du prix du baril à 98 dollars pour 2014 – a dû faire face à la chute des cours observée depuis le début de l’été et doit s’attendre malgré un réajustement des prix à 81 dollars pour le budget 2015 à un fort déficit de son PIB.

Alexandre Harira