Le Portail de l’IE reprend ici l’éditorial « L’intelligence économique dans les entreprises : où en est-on ? » de la Lettre d’ actualités de l’Intelligence Économique et de l’Innovation de CCI France de novembre 2015.
Depuis 12 ans, l’Enquête sur les pratiques de Veille et d’Intelligence économique (IE) des entreprises bretonnes a pour objet de recueillir et d’analyser les pratiques, tendances, difficultés et progrès accomplis par ces dernières dans le domaine de l’IE.
A l’occasion de sa 8ème édition, les CCI de France ont décidé de conférer une dimension supplémentaire à cette consultation en l’étendant à d’autres régions : d’avril à juin 2015, cette enquête a donc été menée par l’ARIST Bretagne, en association avec les CCI Bretagne, mais aussi Normandie, Bourgogne, Centre, Rhône-Alpes et leurs partenaires.
Ces résultats1 obtenus sur le terrain, dont les TPE/PME constituaient la grande majorité des répondants, se sont avérés comparables dans les 5 régions représentées et se recoupent, comme nous allons le voir, avec d’autres enquêtes menées en 2015 par les CCI.
Premier enseignement, en termes de finalité : l’IE est avant tout perçue comme un moyen de renforcer la capacité d’anticipation et d’innovation de l’entreprise, avec pour objectif (choix multiples) : d’anticiper les enjeux pour définir sa stratégie pour 80% d’entre elles, d’être à l’écoute de ses clients (66%), trouver de nouveaux marchés ou se diversifier (60%), surveiller ses concurrents ou nouveaux entrants (59%), développer de nouveaux produits ou services (53%), innover (51%)…
Par ailleurs, en termes de pratique et de mise en œuvre, la veille demeure le volet de l’IE auquel les entreprises accordent le plus d’importance, suivi de la sécurité et de l’influence. En termes d’outils, les moteurs de recherche demeurent prédominants, et pour ce qui est des difficultés le manque de temps, de ressources ou de compétences demeurent des barrières fortes. Mais la veille est désormais « ancrée » : plus d’une entreprise répondante sur deux (55%) déclare avoir mis en place une démarche structurée.
Un chiffre qui, dans la 4ème édition du « Zoom sur l’IE »2 publié par la CCI de la Drôme en janvier 2015, grimpe même à 72% pour ce qui est des entreprises à caractère industriel. Ces deux enquêtes convergent également sur d’autres points : seule une entreprise sur 4 environ dédie un budget à la veille. La recherche d’information privilégie les concurrents et les clients, devant d’autres sujets comme les fournisseurs et la réglementation. L’internet gratuit demeure la principale source d’informations, suivi de la presse.
Concernant la protection de l’information, à l’heure actuelle seulement 44% des entreprises ont mis en place une démarche de sécurisation. Mais ce choix demeure contraint puisque découlant d’abord (plusieurs raisons possibles) suite à une fuite d’information (49%), par obligation (44%) après avoir été confrontées à une cyberattaque (26%)… les suites d’une action de sensibilisation ne concernent que 27% d’entre elles.
Des tendances confirmées par l’étude publiée en septembre 2015 par la CCI de Lyon sur les pratiques et usages du numérique dans les PME/TPE3 : en termes de préoccupations ou projets par rapport au numérique, si 57% environ des TPE/PME souhaitent améliorer leur sécurité informatique, la priorité demeure la visibilité sur internet, ou encore l’adaptabilité et la mobilité. La prise de conscience doit donc se poursuivre…
Enfin, sur la pratique de l’influence et du lobbying, si plus de 60% des répondants ne mènent pas d’action de ce type, des points positifs sont à retenir. D’abord le réflexe « réseau » des entreprises. Avant de solliciter les pouvoirs publics, des prestataires ou encore de mettre en place des missions ou permanences, celles-ci font appel prioritairement (choix non exclusifs) aux réseaux d’entreprises (72%), aux organisations professionnelles (65%), ainsi qu’au réseau consulaire (CCI, Chambres de Métiers et d’Artisanat… 32%).
Par ailleurs, un point clé : si les entreprises ont pris conscience de la nécessité de mener des actions de lobbying ou d’influence (seules 34% n’en voit pas l’intérêt), les principales difficultés rencontrées lors de la mise en œuvre sont de l’ordre de la gouvernance, et non du manque de moyens : manque de temps (65%), de compétence (36%) et difficulté à identifier les réseaux d’influence pertinents pour l’entreprise (48%).
Grâce à ces riches enquêtes de proximité que nous vous encourageons à parcourir dans le détail, il est donc désormais possible de dresser un portait fidèle de l’évolution et surtout du chemin restant à parcourir pour les TPE/PME françaises dans leur pratique de l’IE. Tenir compte de leurs spécificités, consolider les acquis, continuer l’appropriation : c’est là que se situent désormais les principaux enjeux.
Par Thibault Renard
Responsable Intelligence Economique à CCI France.
Lettre Actualité de l'Intelligence Economique et de l'Innovation de CCI France, novembre 2015
1 "Enquête sur les pratiques de Veille & d’IE des entreprises bretonnes, 8ème édition", octobre 2015, CCI Bretagne
2 "Zoom sur L’intelligence économique, 4ème édition", janvier 2015, CCI de la Drôme
3 "Pratiques et usages du numérique dans les PME et TPE", septembre 2015, CCI Lyon