Troisième investisseur au Kazakhstan, la France entend bien renforcer le partenariat économique et stratégique qui la lie à ce pays d’Asie centrale. Les entreprises françaises sont nombreuses à investir dans une économie kazakhe en voie de diversification.
Dix ans : le 11 juin 2018, la France et le Kazakhstan ont soufflé les dix bougies de leur partenariat stratégique. Quelques jours avant cet anniversaire s’est ouvert, à Paris, le Forum des investissements France-Kazakhstan : le 28 mai, plus de 130 représentants d’entreprises françaises ont répondu à l’appel des Kazakhs, et ont pu échanger avec Jean-Baptiste Lemoyne, secrétaire d’État auprès du ministre des Affaires étrangères, et Yerlan Khairov, président du comité d’État aux investissements de la République du Kazakhstan. Une nouvelle étape importante dans les échanges économiques bilatéraux entre les deux pays.
Une économie en voie de diversification, qui séduit les investisseurs
Encore peu connu des hommes d’affaires français, le Kazakhstan est pourtant le premier partenaire commercial de la France en Asie centrale. De son côté, la France est le troisième plus grand investisseur au Kazakhstan, où nos entreprises détiennent un stock d’investissement direct à l’étranger (IDE) s’élevant à 13,3 milliards de dollars. À ce titre, Paris est un partenaire de choix pour Astana, qui s’est engagé dans une politique volontariste de diversification de son économie, les hydrocarbures représentant encore 60 % de ses exportations et 20 % de son produit intérieur brut (PIB).
Le Forum organisé à Paris visait donc à intéresser les investisseurs français aux privatisations de nombreux pans de l’économie kazakhe, amorcées en 2015 par le président Noursoultan Nazarbaïev. Certaines parmi les plus importantes compagnies du pays, à l’instar de la compagnie nationale du pétrole KazMunaiGaz, de la compagnie d’extraction d’uranium KazAtomProm, ou encore de la compagnie aérienne nationale Air Asatana, doivent, en effet, être privatisées d’ici à la fin de l’année 2018.
Les investisseurs français présents au Forum se sont ainsi vus proposer une cinquantaine de projets par le Comité kazakh aux investissements. Ce dont son président, Yerlan Khairov, s’est félicité en ces termes : « Environ 25 % des investissements étrangers au Kazakhstan ont été dirigés vers l’industrie manufacturière l’année passée. Cela montre que le Kazakhstan devient attractif, et pas uniquement dans l’industrie pétrolière ». En somme, la diversification du pays est en bonne voie, et les Français l’ont bien compris, eux qui exportent au Kazakhstan des équipements électriques, électroniques et mécaniques, des biens de consommation, des automobiles, des médicaments, des cosmétiques, des produits alimentaires, etc.
Leroy-Merlin, Décathlon, Air Liquide : les champions français se ruent vers Astana
« Lorsque nous parlons de partenariat stratégique avec le Kazakhstan, je peux dire que c’est une réalité », a encore déclaré Jean-Baptiste Lemoyne. Selon le secrétaire d’État, les investisseurs français portent un intérêt tout particulier à « la digitalisation de l’économie, à travers la stratégie « Digital Kazakhstan-2020 », le domaine de la protection de l’environnement, le développement durable et les projets de transport faisant partie de la « Nouvelle Route de la soie ».
Une nouvelle route de la soie qui intéresse vivement les fleurons hexagonaux. Ainsi de Air Liquide, qui a promis 200 millions d’euros d’investissement dans le traitement du gaz, de Décathlon, qui a un projet d’investissement de 300 millions d’euros assorti de la création de 5 000 emplois locaux, ou encore de la société Idemia, qui serait prête à investir quelque 30 millions d’euros dans le domaine des technologies de l’information.
Présente en Russie depuis une quinzaine d’années, la chaîne de bricolage Leroy-Merlin regarde elle aussi du côté d’Astana. La proximité géographique des deux pays, ainsi que celle du rouble et du tengué, la monnaie kazakhe, a, semble-t-il, pesée dans la balance. À terme, Leroy-Merlin prévoit d’introduire au Kazakhstan 30 000 références et d’ouvrir de 20 à 25 magasins à l’horizon 2030-2035. Dans la capitale Astana, bien sûr, mais aussi dans les villes secondaires du pays, comme Chimkent, Karaganda ou Aqtobe.
Pour Jean-Baptiste Lemoyne, qui a tenu à effectuer sa première visite officielle dans la région à Astana, le Kazakhstan est un « pays avec lequel la France entretient une relation privilégiée ». « Très impressionné par Astana, une ville exceptionnellement moderne et tournée vers l’avenir », le secrétaire d’État français estime qu’il y a encore« une belle marge de progression possible, et c’est ce à quoi nous avons décidé de nous atteler avec nos amis kazakhstanais ». Et de conclure avec optimisme : « Le souhait du nouvel exécutif français est que les cinq prochaines années soient particulièrement profitables au développement des relations entre la France et cette belle région du monde ».
Gilles Buisson
Analyste Risque Pays