Les opérations de contrôle des investissements étrangers en France en augmentation pour 2019

Au cours d’une intervention dans un cabinet d’avocats, Antonin Nguyen, chef du bureau des investissements étrangers à la direction du Trésor, a évoqué une nouvelle hausse des contrôles en 2019, dans un contexte où l’Union Européenne réfléchit à la restructuration de sa politique commerciale et concurrentielle.

Selon les informations des Echos et les statistiques indicatives de la direction générale du Trésor, le nombre d’opérations de contrôle des Investissements Etrangers en France (IEF) a augmenté de 15,8% entre un an (184 en 2018, 213 en 2019), parallèlement à une hausse de 11% des Investissements Directs Etrangers (IDE – 1469 en 2019) sur lesquels s’effectuent les contrôles. A l’aune de ces statistiques, la croissance de la part des opérations de contrôle IEF sur les IDE laisse entendre une plus grande vigilance de l’Etat sur ces derniers.

Année IDE en France Evolution annuelle du nombre d’IDE entrants Opérations de contrôle IEF Evolution annuelle du nombre de contrôles IEF Part des opérations de contrôle IEF sur les IDE (%)
2017 1298 137 10,6%
2018 1323 1,9% 184 34,3% 13,9%
2019 1468 11% 213 15,8% 14,5%

Evolution comparée des IDE entrants en France et des opérations de contrôle IEF (sources : Les EchosDG Trésor)

Les investisseurs s’intéressant aux secteurs jugés stratégiques proviennent d’abord (et sans grande surprise) des Etats-Unis, et plus étonnamment de Suisse. Toutefois, après examen des mouvements de fusion, rachat, cession…, la majorité est autorisée, souvent sous conditions comme pour Latécoère. Plus rarement, l’opération est remaniée, voire refusée. En l’occurrence, le cas de veto gouvernemental sur la vente de Photonis à Teledyne n’a pour l’instant pas abouti à une reprise.

On peut aussi visiblement constater que les investissements d’autres puissances mondiales telles que la Chine, la Russie ou l’Allemagne n’apparaissent pas en tête de palmarès, ou du moins n’ont pas été évoquées.

Ces indicateurs surviennent alors que la Commission européenne paraît s’interroger profondément sur sa politique commerciale extérieure, notamment vis-à-vis de la Chine. Bruxelles a en effet évoqué la révision des règles d’accès aux marchés publics européens des acteurs étrangers subventionnés (à l’intention notable de la Chine), vient de faire paraître un livre blanc à ce sujet et envisage la nomination d’un procureur commercial chargé de veiller aux intérêts mercantiles des Etats-membres hors zone euro. Le remaniement de la législation antitrust est également à l’agenda, à l’heure où la Commission enquête sur la fusion entre Peugeot et Fiat-Chrysler.

Louis-Marie Heuzé