Moutons contre voitures : vers un accord de libre-échange entre l’UE et la Nouvelle-Zélande ?

Alors que les négociations entre l’UE et l’Australie s’enlisent,  tous les indicateurs sont au vert pour la conclusion d’un accord de libre-échange entre la Nouvelle Zélande et l’UE. Avec une large majorité, le Parlement européen vient d’approuver ce 22 novembre le rapprochement commercial avec la Nouvelle-Zélande.

18 000 km séparent Bruxelles de Wellington, mais cela n’empêche pas un renforcement des relations économiques entre l’Union-européenne et la Nouvelle-Zélande. Certains qualifient cet accord d’historique. Les contestataires, pour la plupart des associations environnementales, y voient une « aberration écologique» à inciter au commerce avec un pays à l’autre bout de la planète. Après quatre ans de négociations, la Commission européenne était parvenue à la signature d’un accord de libre-échange avec la Nouvelle-Zélande le  9 juillet dernier. Ce mercredi 22 novembre 2023, le Parlement européen a validé l’accord de libre échange entre l’UE et la Nouvelle-Zélande, permettant d’avancer dans le processus de ratification. Ils étaient 524 eurodéputés favorables, 85 contre et 21 abstentionnistes. Cette validation ouvre aussi la porte à un nouveau type d’accord. En effet, il est qualifié « d’accord de nouvelle génération » puisqu’il inclut des clauses environnementales et sociales. Toutefois, les Etats membres de l’UE doivent encore donner leur accord et la Nouvelle-Zélande doit ratifier l’accord qui devrait entrer en vigueur au mieux en 2024. 

Selon les données de la Commission européenne, le commerce total de biens entre l’UE et la Nouvelle-Zélande s’est élevé à près de 9,2 milliards d’euros en 2018, faisant de l’UE le troisième plus grand partenaire commercial de la Nouvelle-Zélande après la Chine et l’Australie. Les importations de l’UE en provenance de Nouvelle-Zélande (3,5 milliards d’euros au total) sont largement dominées par les produits agricoles, notamment par la viande et les fruits, tandis que les exportations de l’UE vers la Nouvelle-Zélande (5,7 milliards d’euros au total) comprennent principalement des biens manufacturés. Plus de la moitié des exportations de l’UE vers la Nouvelle-Zélande sont des machines et équipements de transport (56,4 %), avec des produits chimiques, des instruments scientifiques et des plastiques représentant d’autres catégories de produits importantes.

L’objectif de cet accord est d’accroître les volumes de transaction de 30 % d’ici 2030. Les filières gagnantes de cet accord de libre-échange seraient les secteurs des boissons et du tabac, des légumes et fruits, et des produits laitiers en Nouvelle-Zélande. Pour l’UE le secteur automobile et de fabrication de machines verraient un impact positif. Toutefois l’impact négatif reste très limité pour les secteurs agricoles européens : dans le pire des scénarios, seule la filière de la viande bovine et ovine pourrait connaître une baisse d’activité de 1,2 points du fait de la concurrence des produits néo-zélandais. La filière fruits et légumes ne serait impactée que de 0,2 point

Économiquement, cet accord est très marginal, mais politiquement, l’UE envoie un signal. Elle affiche des ambitions dans l’indopacifique. En effet, la montée en puissance de la Chine inquiète beaucoup dans la région. L’UE veut montrer qu’elle peut jouer un rôle non négligeable dans cette zone, et y étendre son influence et son poids économique. On pourrait aussi voir, à travers cet accord, une forte influence des lobbys de l’industrie automobile et à haute valeur ajoutée européenne qui cherchent à accroître leurs parts de marché dans cette région du monde.

Etienne LOMBARDOT

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