Atos annonce entrer en « négociations exclusives avancées » avec Daniel Krétinsky, qui souhaite finaliser le rachat de Tech Foundation d’ici la fin d’année. Retour sur la vente du numéro un européen du cloud, de la cybersécurité et des supercalculateurs, essentiels à la dissuasion nucléaire française.
Plus qu’un mois avant la scission du groupe en difficultés financières
À la suite de la dégradation de la note de crédit de BB à BB- par S&P, Atos a confirmé dans un point de marché le 28 novembre dernier, disposer des liquidités nécessaires pour « faire face à ses obligations financières au cours des douze prochains mois ». Le groupe annonce être entré en « négociations exclusives avancées » avec la société d’investissements EP Equity Investement (EPEI) du milliardaire tchèque Daniel Kretinsky, qui renonce finalement aux 7,5% d’entrée au capital d’Eviden.
Plusieurs instruments des marchés de capitaux sont également étudiés pour compléter l’augmentation de capital prévue, en vue des échéances de dettes en 2025. Une analyse financière réalisée le mois dernier met néanmoins en évidence l’affolement médiatique autour d’une faillite potentielle du groupe, contrastant avec la liquidité de 3 milliards ainsi que les gros contrats assurant une certaine pérennité.
L’incertitude d’une action étatique pour protéger les activités stratégiques d’Atos
Le rapport de force entre la gouvernance du groupe et les actionnaires s’intensifie, à l’approche de la vente qui finalisera la scission d’Atos en deux entités, Eviden et Tech Foundation. Beaucoup d’acteurs réclament une action de l’Etat pour préserver la souveraineté du groupe, dont les activités stratégiques sont essentielles au fonctionnement de services numériques étatiques, ainsi qu’aux simulations d’essais nucléaires. Récemment cartographiées par Augustin de Colnet, les nombreuses sociétés vendues à l’étranger remettent en cause la capacité de Bercy à protéger ses entreprises stratégiques (Alstom, Manurhin, Exxelia, Latécoère, Souriau…).
De son côté, le ministère des Armées surveille de près le dossier depuis l’alerte lancée par l’IHEDN en 2022. Si les activités stratégiques étaient perdues, on peut encore espérer assister à la technique du « vendre pour mieux racheter », à l’image des turbines Arabelle d’Alstom bientôt de retour sous pavillon français.
Agathe Bodelot & Augustin de Colnet
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