Djibouti lance son premier satellite, une réussite technologique issue d’une coopération franco-djiboutienne

Stratégie gagnante : samedi 11 novembre, Djibouti a lancé avec succès son premier satellite Djibouti 1A, grâce au lanceur de SpaceX, au sein d’un programme développé avec le CSUM. En Afrique, la course à l’espace amène les États à devoir choisir entre la collaboration, autonomie technologique et souveraineté… ou les deux. Toujours est-il que Djibouti prend de l’avance.

Samedi 11 novembre, à 10h49, heure du Pacifique (18h49 UTC), depuis la Vandenberg Space Force Base (VSFB) en Californie, la République de Djibouti marquait un jalon historique en lançant son premier satellite, nommé Djibouti 1. Cette réussite lui permet ainsi de rejoindre le cercle très restreint des nations africaines dotées de leurs propres satellites spatiaux.

Ce satellite est intégralement conçu par des ingénieurs et techniciens djiboutiens, à travers un programme d’amélioration des compétences destiné au continent africain, proposé par le Centre Spatial Universitaire de Montpellier (CSUM). Djibouti 1 a été lancé depuis la Vandenberg Space Force Base, par une fusée Falcon 9 de la société SpaceX. Partie intégrante du projet “HydroSat,” ce satellite jouera un rôle crucial dans la collecte en temps réel de données nationales. Ces informations stratégiques, couvrant la température, les précipitations, la profondeur des rivières et l’hydrométrie, sont destinées à améliorer l’agriculture et à surveiller les changements environnementaux à l’échelle nationale, fonctionnant comme un système d’alerte de sécheresse. L’apport d’informations spectrales haute définition aux décideurs est particulièrement crucial dans un pays où la gestion de l’eau est un enjeu majeur, dû à sa géographie aride et montagneuse. Ce projet contribuera ainsi à renforcer la résilience environnementale et à soutenir les politiques de développement durable de Djibouti.

Le ministre djiboutien de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, M. Nabil Mohamed Ahmed, souligne l’importance de la formation des étudiants dans la réussite de ce projet, affirmant que « Djibouti est maintenant capable de fabriquer ses propres satellites ».  Les 10 ingénieurs et techniciens djiboutiens formés ont pu collaborer avec des entreprises impliquées dans toutes les phases du projet : de la conception à la fabrication, jusqu’au lancement du satellite, tout en améliorant le logiciel associé. Le lancement du satellite Djibouti 1B, prévu en février 2024, souligne les efforts continus du pays dans le domaine spatial. Ce continuum de la mission représentera une opportunité pour la France de renforcer sa coopération avec les nations africaines et de consolider son rôle dans le développement des capacités spatiales du continent.

La course à l’espace en Afrique représente un enjeu de souveraineté, en plus d’être une question cruciale pour le développement économique du continent. À l’heure actuelle, les États africains dépendent des échanges techniques et des financements des grandes puissances spatiales, comme illustré par la future construction d’un centre de lancement spatial au Djibouti, financé par la Chine. Bien que le partage de connaissances puisse contribuer au renforcement des capacités et techniques locales, les investissements soulèvent simultanément des questions stratégiques de dépendance. Les pays africains s’exposent en effet au risque de devenir technologiquement dépendants, et de subir une influence étrangère disproportionnée limitant la compétition économique des industries spatiales en Afrique.

Ces enjeux de souveraineté se retrouvent par la suite dans l’exploitation de données récoltées grâce au renseignement d’origine électromagnétique. Ceci trouve un intérêt particulier dans le contexte d’espionnage industriel actuel, tel que constaté avec la Chine ou avec le satellite espion lancé mercredi 21 novembre par la Corée du Nord. La collecte et le contrôle d’informations sensibles par des puissances étrangères suscitent de cette manière de fortes inquiétudes en matière de sécurité nationale.

Paola Pierrettori

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