C’est une nouvelle ère pour l’énergie nucléaire en Europe : Thierry Breton annonce le lancement imminent de l’alliance industrielle européenne des Small Modular Reactor (SMR). Cette initiative vise à accélérer le développement des réacteurs nucléaires du futur, renforçant la souveraineté énergétique européenne.
Lors de l’ouverture du World Nuclear Exhibition (WNE) à Paris, le 28 novembre dernier, Thierry Breton, commissaire européen au Marché intérieur, a annoncé le lancement d’une alliance industrielle européenne des SMR qui pourrait voir le jour début 2024. L’objectif de cette future alliance serait d’unifier les forces industrielles européennes pour accélérer le développement des réacteurs nucléaires du futur (SMR et réacteurs modulaires avancés (AMR)). Thierry Breton souligne la pertinence du développement de l’énergie nucléaire, qui apparaît comme « un véritable outil de souveraineté dans un monde de menaces hybrides ».
A Bruxelles et dans le reste de l’Europe, les soutiens au nucléaire se font de plus en plus nombreux. L’annonce de Thierry Breton fait en effet écho à une précédente déclaration de la commissaire européenne à l’Énergie, Kadri Simson, lors du 16ème forum européen annuel de l’énergie nucléaire (ENEF). Mme Simson avait en effet apporté son soutien au lancement d’une alliance européenne des SMR. Un soutien qui faisait suite à l’initiative de 12 ministres européens en charge de l’Énergie qui avaient envoyé à Mme Simson une lettre commune appelant à « la création d’une alliance industrielle pour les SMR au niveau de l’UE ».
Multiplication des partenariats, notamment américain, le risque de dispersion
Ce regain d’intérêt pour l’atome s’accompagne cependant de l’émergence d’une multitude de partenariats internationaux, qui risqueraient de mener à une « dispersion des efforts » et à des solutions non-européennes. A titre d’exemple le 8 novembre dernier, les centres de recherche nucléaire roumain (RATEN) et belge (SCK CEN), l’entreprise industrielle nucléaire italienne Ansaldo Nucleare, l’agence de R&D énergétique ENEA, ainsi que le géant industriel américain Westinghouse Electric Company ont conclu un accord visant à établir un consortium dédié au développement de petits réacteurs modulaires (SMR). L’alliance porte sur le développement de réacteurs rapides refroidis au plomb (Lead Fast Reactor, LFR) en vue d’un déploiement futur sur le marché européen.
La déclaration de Thierry Breton lance ainsi une initiative européenne invitant l’ensemble des acteurs du continent à coopérer. Il sera donc intéressant de voir si cette initiative permettra de rassembler sous une même bannière l’ensemble des projets lancés ces derniers mois.
Thomas Dereux, pour le club Souveraineté et Industrie de l’AEGE
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