Nucléaire : la France et la Suède s’allient pour reconstruire leurs filières

Ce mardi 19 décembre, la Suède et la France ont signé à Bruxelles une lettre d’intention présageant un accord bilatéral en matière de nucléaire. Les deux pays font part de leur volonté de coopérer autour de cette énergie décarbonée afin d’atteindre leurs objectifs climatiques, en dépit des contestations des pro-renouvelables en Europe.

Le grand retour du nucléaire en Europe continue de se concrétiser : la France et la Suède ont annoncé leur volonté de coopération autour de la filière. Les deux pays ont signé une lettre d’intention pour travailler ensemble au niveau de la recherche et du développement des futurs SMR (petits réacteurs modulaires), de la construction de nouveaux réacteurs, mais aussi du cycle du combustible. Si l’accord n’exclue pas l’utilisation de technologies extra-européennes (Chine, Etats-Unis, Corée du Sud), « la construction de nouveaux réacteurs en Suède va bénéficier à la filière nucléaire française » selon Agnès Pannier-Runacher, ministre de la transition énergétique.

La Suède confirme ainsi sa volonté de revenir en tant que nation du nucléaire. Elle a annoncé en novembre dernier vouloir investir massivement dans cette énergie, et projette de construire dix nouveaux réacteurs avant 2045, faisant ainsi du nucléaire sa principale voie vers la décarbonation de son mix énergétique. La France, quant à elle, souhaite construire six nouveaux réacteurs et en envisage huit de plus.

Lors de la COP 28, l’énergie atomique avait su convaincre dans son rôle à jouer pour décarboner la production énergétique mondiale, au côté des énergies vertes.  En Europe, où le nucléaire divise depuis la fermeture des réacteurs allemands, l’énergie apparaît de plus en plus comme une solution viable pour parvenir à la transition énergétique. Le mercredi 22 novembre, l’Alliance européenne du nucléaire (France, Suède, Finlande, Roumanie, Pologne, etc) avait fait inscrire au parlement européen la filière au sein des énergies vertes à soutenir, pour assurer la compétitivité et la souveraineté de l’Europe face aux concurrences étrangères.

A l’avenir, l’Alliance du nucléaire appelle la Commission européenne à mettre sur un pied d’égalité complet les énergies atomique et renouvelables. La réclamation porte notamment sur les financements de la Banque européenne d’investissement pour les projets contribuant à la neutralité carbone, dont ne bénéficie pas le nucléaire aujourd’hui. En parallèle de cette proposition, onze pays réunis autour de l’Allemagne sous le nom Amis des renouvelables, appellent à accélérer le déploiement quasi-exclusif des énergies renouvelables, et développer le marché intérieur européen. Les pro-nucléaire et pro-renouvelables partagent toujours des orientations divergentes sur le sujet stratégique de l’énergie, bien que la France ne considère pas ces énergies comme contradictoires.

Alexandre Chalmeton

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