[Rapport] La guerre économique dans le secteur des plastiques et composites

Le secteur des plastiques est au cœur d’intenses affrontements économiques, comme le souligne un rapport du Centre de Recherche appliquée de l’École de Guerre Économique (CR451), dirigé par Christian Harbulot. Couvrant la période de 2007 à 2024, ce document dresse un état des lieux des enjeux et des stratégies offensives dans ce secteur.

Les plastiques sont indispensables dans une variété de secteurs industriels. L’emballage en constitue la plus grande part avec 39 % de la production mondiale, suivi par la construction (22,9 %), l’automobile (8,3 %), l’électronique (5,7 %) et l’agriculture (4,4 %). Ces chiffres illustrent l’importance du plastique dans la chaîne de valeur industrielle mondiale.

Trois principaux constats 

Une guerre économique à tous les niveaux de la chaîne de valeur

Le rapport révèle que chaque étape de la chaîne de valeur — matières premières, produits finis et gestion des déchets — se trouve impactée par des stratégies de guerre économique. Les alternatives aux plastiques traditionnels, comme les bioplastiques ou les plastiques recyclés, sont également visées.

Confrontations intra-européennes

Au sein de l’Union européenne, des stratégies agressives émergent, particulièrement de l’Allemagne et de l’Italie, respectivement premier et deuxième producteur de plastique en Europe. Ces nations cherchent à imposer leurs modèles ou à s’assurer un leadership sur les marchés, parfois au détriment de leurs partenaires européens.

Vulnérabilités et dépendance européenne

L’Europe dépend fortement des États-Unis et de la Chine pour l’importation de matières premières plastiques. En outre, l’interdiction par la Chine en 2018 des importations de déchets plastiques a bouleversé le marché mondial, exposant les failles de l’Europe en matière de gestion des déchets.

 

Les principaux échiquiers de cette guerre économique

Le rapport structure son analyse autour de quatre échiquiers : économique, normatif, environnemental et juridictionnel.

L’échiquier économique

Certaines pratiques offensives menacent directement la filière plastique. C’est le cas des actions de prédation via des acquisitions ou des partenariats stratégiques, la pratique du dumping économique, notamment par la Chine et les États-Unis, ainsi que des pénuries artificielles de matières premières visant à contrôler les prix et à déstabiliser les concurrents.

L’échiquier normatif

Les réglementations européennes, comme le projet de règlement sur les emballages (dit « PPWR »), constituent des espaces de confrontation. Par exemple, l’Italie et l’Allemagne ont cherché à promouvoir des normes favorisant le recyclage, secteur dans lequel elles excellent. En parallèle, des alliances opportunistes, comme celle entre McDonald’s et les industriels du papier carton, montrent l’importance du lobbying dans la définition des cadres réglementaires.

L’échiquier environnemental

Certaines ONG, critiques envers l’industrie plastique, prônent des solutions comme la « déplastification » et mènent des campagnes bien organisées en mobilisant divers moyens pour influencer l’opinion publique et les décideurs politiques, augmentant ainsi la pression sur l’industrie. Le greenwashing est également exploité par ces ONG pour dénoncer les pratiques des industriels, suscitant le doute sur leurs véritables engagements écologiques. Enfin, le rapport interroge l’indépendance de ces ONG et leur rôle réel, notant que certains de leurs financements proviennent d’États ou de fondations ayant des intérêts stratégiques.

L’échiquier juridictionnel

Le recours à des actions en justice est lui aussi utilisé, aussi bien par des ONG pour bloquer des projets industriels que par des entreprises pour contrer des interdictions qu’elles estiment non conformes.

 

Ce rapport du CR451 s’attache ainsi à présenter un secteur des plastiques sous tension. Les pressions réglementaires et sociétales pour réduire son impact environnemental s’accompagnent d’affrontements économiques intenses, propices à des stratégies de guerre économique à chaque étape de sa chaîne de valeur. L’intégralité du rapport est disponible sur le site du CR451. Le rapport est également abordé dans le podcast DST, disponible à l’écoute sur la chaîne YouTube du CR451.

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