Numéro un des médicaments génériques en France, l’entreprise pharmaceutique Biogaran est sur le point d’être vendue à un groupe indien. Un coup de massue pour les 8600 emplois concernés par la vente, et pour la souveraineté sanitaire française.
Représentant plus d’un tiers des médicaments génériques produits en France, Biogaran est la filiale française du laboratoire pharmaceutique international Servier. Le groupe a enclenché la vente de Biogaran dès 2023, du fait de la faible rentabilité du secteur des génériques en France. Vendus moins cher que les versions brevetées, ces médicaments sont étranglés par la clause de sauvegarde versée à l’État. Un modèle économique fragile, auquel s’ajoute la « perte de 450 millions d’euros » générée par la condamnation du laboratoire dans l’affaire Mediator.
Biogaran produit 350 millions de boîtes par an via des contrats de sous-traitance, dont 50% dans l’Hexagone. Ne possédant pas d’usine propre, un rachat par l’un des deux groupes indiens encore en lice mènerait inévitablement à la délocalisation de la production, et à la destruction des 8600 emplois répartis sur les 39 sites industriels impliqués dans la chaine de sous-traitance. Le ministre délégué chargé de l’énergie et de l’industrie Roland Lescure s’est exprimé sur le sujet : « Je regrette cette vente de Biogaran… Je serai extrêmement ferme et j’examinerai toutes les conditions que l’on pourrait imposer à une transaction ! A la fois l’approvisionnement et la production doivent être assurés. » Des conditions que Bercy peut imposer à un acheteur étranger à travers la procédure du contrôle des investissements étrangers en France (IEF), pilier de la politique de réindustrialisation de la France.
Agathe Bodelot pour le Portail de l’IE
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