Deux usines européennes de panneaux solaires aux lignes de production flambant neuves risquent de mettre la clé sous la porte. La cause ? La hausse des tarifs douaniers américains sur les panneaux photovoltaïques chinois. Cette conjoncture du marché entraîne une situation de dumping où les panneaux photovoltaïques chinois, ne pouvant s’écouler sur le marché américain, se déversent sur le marché européen.
L’usine de panneaux photovoltaïques allemande Meyer Burger à Freiberg et l’usine nantaise de Systovi sont dans une impasse. En misant sur l’innovation et la production locale de technologies solaires, ces deux usines montrent que la France et l’Allemagne veulent être en tête dans la transition énergétique mondiale. Meyer Burger a inauguré son installation à Freiberg en 2021, marquant le renouveau de la production solaire allemande avec des technologies de fabrication avancées. Cette ouverture, qui suivait de près celle de leur site de production de cellules solaires à Thalheim, symbolisait l’effort de revitaliser une industrie pour la transition énergétique en s’appuyant sur des technologies de pointe et un savoir-faire local. D’un autre côté, Systovi, avec plus d’une décennie d’existence et située à Carquefou près de Nantes, a été présentée comme un acteur majeur de l’industrie solaire française.
Concurrence accrue provoquée par une forte perturbation du marché des photovoltaïques
Initialement accueillies avec optimisme et bénéficiant d’investissements conséquents pour moderniser et optimiser leurs chaînes de production, les usines Systovi et Meyer Burger font face à la réalité du marché. En effet, confrontée à une surcapacité de production et à une baisse de sa consommation intérieure, la Chine se trouve contrainte de brader ses prix pour écouler ses stocks. Par ailleurs, avec les États-Unis ayant fermé leurs marchés aux panneaux solaires chinois, l’Europe devient le principal marché encore accessible pour ces produits. Dans un tel contexte, il devient extrêmement difficile pour des entreprises européennes comme Systovi de tenir tête à cette concurrence. En raison de ces pressions, Systovi explore activement des options de reprise pour éviter la fermeture de son site, tandis que Meyer Burger a pris la décision difficile de fermer son établissement à Freiberg.
Parallèlement à la politique protectionniste, la loi américaine Inflation Reduction Act de 2022, a aussi profondément perturbé le marché solaire européen. Les mesures de cette loi ont également stimulé la production solaire domestique américaine grâce à d’importantes subventions. Les avantages offerts par les États-Unis ont entraîné une délocalisation pour Meyer Burger, cherchant des conditions plus favorables pour ses opérations industrielles. Les difficultés de Meyer Burger et Systovi montrent que l’Europe n’a pas su protéger ni développer correctement son industrie solaire face à la concurrence mondiale, révélant des faiblesses dans sa stratégie pour l’énergie renouvelable.
Bertrand Sauvegrain pour le club Souveraineté et Industrie de l’AEGE
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