Le lobbying a su se développer auprès du monde politique et trouve son sens dans le développement économique même des entreprises. Du « réseautage d’affaires », nous passons, petit à petit, à l’intégration d’un « lobbying commercial ». Mais quelle forme prend cette mutation ?
La formalisation d’une démarche croisée de lobbying et de réseaux
Chaque type de réseaux doit être sollicité en fonction des besoins en informations ou de mise en application des stratégies. Il est recommandé, ainsi, une approche méthodologique reposant sur les étapes suivantes (MARCON & MOINET, 2007) :
Si par ailleurs, le guide de l’intelligence économique (D2IE, OEC, & CCIFrance, 2012) ne consacre que sept pages sur le sujet de l’influence, il présente un plan d’actions simplifié, mais transposable aisément sur les actions des réseaux dans le monde des affaires.
En enlevant les objectifs intrinsèques des organisations et des fonctions concernées, il est possible de fusionner les mécanismes de lobbying et de réseaux puis de les transposer à toutes formes d’organisations.
La démarche commune pourrait ainsi prendre la forme suivante :
Figure 1 – Structuration multi-organisationnelle
du lobbying et de la stratégie de réseaux
– Patrice SCHOCH – 2013 –
Le fait d’inscrire les actions réseaux auprès d’interlocuteurs privés comme publics, permet de les décloisonner et ainsi de faciliter une cohérence organisationnelle. Cette option ouvre le champ d’application à une intelligence collective.
Le recours nécessaire à une ou des Intelligence(s) Collective(s)
Face à l’essor des réseaux mondiaux de communication, Pierre LEVY proposait, en 1997, de penser cette évolution, non plus, en termes d’impact des techniques sur la Société, mais en projet. « Les nouveaux moyens de communication permettent aux groupes humains de mettre en commun leurs imaginations et leurs savoirs ». Lors de cette fin du XXème siècle, Pierre LEVY envisageait le processus économique par l’épanouissement de l’identité des personnes et le lien social dans l’échange des connaissances. (LEVY P. , 1997)
L’intelligence collective comprend six caractéristiques fondamentales, qui sont :
Pierre LEVY souligne ainsi que l’intelligence collective n’est pas la fusion des intelligences individuelles dans une espèce de magma communautaire, mais la valorisation et la relance mutuelle des singularités (MALVILLE, 2002).
Si nous ne reviendrons pas sur l’étymologie et la définition de l’Intelligence Collective, nous pouvons néanmoins nous intéresser aux éléments constitutifs de cette dernière. La Fondation Internet Nouvelle Génération réunit, depuis 2000, une équipe d’entrepreneurs et d’experts, sous la forme d’un think tank de référence sur les transformations numériques. Dans le cadre d’un groupe de réflexion sur l’Intelligence Collective, elle a défini les facteurs dont dépendent les effets collectifs. Ainsi, l’Intelligence Collective dépend prioritairement de trois influences : l’influence des membres d’un réseau, l’influence du groupe et l’influence de l’environnement (FING, 2006).
Si nous intégrons les six étapes de structuration d’une démarche de lobbying et de réseaux, à ces trois niveaux d’influences, nous obtenons le schéma suivant :
Figure 2 – L’intégration multi-organisationnelle
du lobbying et de la stratégie de réseaux sur les trois niveaux d’influences collectives
– Patrice SCHOCH – 2013 –
La stratégie organisationnelle de lobbying et de réseaux nécessite de localiser précisément les influences en interne de son réseau et également de définir les opportunités ou les menaces venant de l’environnement extérieur. Il serait aisé de conclure en suggérant l’idée d’une connaissance parfaite et totale de l’ensemble des membres de ses réseaux et de l’environnement extérieur. Il serait également utopique de croire que ce type d’approches serait facile, peu chronophage et peu coûteuse.
Localiser précisément les interlocuteurs clés et les sources d’informations utiles, sans perdre un temps précieux, est la première vertu que pourrait constituer une Intelligence Stratégique intégrant et orientant de manière localisée les réseaux utiles et les actions lobbying.
Patrice SCHOCH
Responsable du Reporting, de la Veille concurentielle et du Développement à la Direction expansion France de CARREFOUR France.
Bibliographie
BLOEM, J., VAN DOORM, M., & Traduit par VUILLERMIER, A. (2007). Open for Business. VINT.
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JEAN-BAPTISTE, M., & LASSALAS, H. (2011). Réussir grâce aux réseaux sociaux. Larousse.
L'ATELIER. (2010, 03 24). L'intelligence collective inspire la recherche. Consulté le 02 26, 2013, sur www.atelier.net: http://www.atelier.net/trends/articles/lintelligence-collective-inspire-recherche
LEVY, P. (1997). L'intelligence collective pour une anthropologie du cyberespace. La découverte poche / Essais n°27 p 252.
MALVILLE, C. (2002). Note de lecture – L'intelligence collective : pour une anthropologie du cyberespace / Pierre Lévy. Université Paris 8: Rapport Maitrise de la Documentation et de l'Information.
MARCON, C. (2007, 4). Analyse de réseaux en intelligence économique : éléments pour une approche méthodologique. ESKA – Market Management, p. 110 à 134.
MARCON, C., & MOINET, N. (2007). Développez et activez vos réseaux relationnels. DUNOD, 2ème édition.
POLLARD, J. (2011, 4 Vol.61). Les groupes d'intérêts vus du loca – Les promoteurs immobiliers dans le secteur du logement en France. Revue française de science politique / Presse de Sciences Po, p. 981 à 705.
ZAÏBET GRESSELLE, O. (2007, 4). Vers l'intelligence collective des équipes de travail : étude de cas. Management Prospective Ed. / Management & Avenir, p. 41 à 59.