À l’occasion de la sortie de la seconde édition du manuel d’intelligence économique, Eric Delbecque revient sur les points forts de l’ouvrage dirigé par Christian Harbulot et sur la nécessité de continuer la sensibilisation des entreprises à cette discipline qui reste encore peu connue de certains dirigeants.
Pour certains membres de l’administration comme pour certains dirigeants dans les entreprises, l’intelligence économique ne va pas toujours de soi… Il importe donc de continuer à publier, afin d’expliquer – encore et encore – les fondamentaux de la discipline. A défaut de convaincre nos « élites », une imprégnation culturelle globale s’accentue, et la « cause » progresse.
Il convient de surcroît de souligner l’ensemble des enjeux que révèle l’intelligence économique. D’où l’intérêt de la 2e édition du Manuel d’intelligence économique (PUF) dirigé par Christian Harbulot.
Dans un premier temps, le directeur de l’EGE y rappelle les facteurs clefs de compréhension de la guerre économique. Cette dernière signifie précisément l’inversion du mécanisme d’autrefois qui subordonnait l’économique au politique. Désormais, ce sont les objectifs commerciaux qui influencent les stratégies politiques et relativisent le poids de la puissance militaire.
La guerre économique constitue « l’expression majeure des rapports de force non militaires. La survie d’un pays ou d’un peuple tout comme la recherche, la préservation et l’accroissement de puissance en sont les principaux éléments déclencheurs » (HARBULOT Christian, Sabordage. ''Comment la France détruit sa puissance'', Éditions François Bourin, 2014).
Christian Harbulot explicite au passage le management de l’information et démontre l’urgence de la construction d’une économie de la connaissance articulée sur les exigences des jeux stratégiques.
Bien entendu, il attire de nouveau l’attention sur la notion de puissance. Elle reste péniblement caricaturée par l’intelligentsia française alors qu’elle se situe au centre de l’action et des analyses des autres nations.
Les autres auteurs réunis dans cet ouvrage permettent d’explorer tous les théâtres d’opération de la puissance et de creuser les dimensions multiples dans lesquelles se développent et se raffinent les problématiques d’intelligence économique.
Des normes aux guerres agricoles, en passant par les appels d’offres internationaux, on constate une fois encore, avec un peu d’inquiétude, que l’Hexagone a toujours des efforts à réaliser pour maîtriser les espaces conflictuels géoéconomiques du XXIe siècle…
Eric DELBECQUE
Membre du Conseil scientifique du CSFRS