Polony.tv : comment redonner confiance dans les médias ?

Une nouvelle Web Tv vient d’apparaitre sur le PAF en faisant un pari osé, mais ambitieux : répondre à un problème de la société française, la confiance dans les médias.

Natacha Polony, est une journaliste en dehors du carcan du « politiquement correct » qui sévit dans les médias en France. Présidente du Comité Les Orwelliens, qui se donne comme mission de : « faire entendre une voix différente dans un paysage médiatique trop uniforme ». Et citant le célèbre journaliste britannique George Orwell : « Parler de liberté n’a de sens qu’à condition que ce soit la liberté de dire aux gens ce qu’ils n’ont pas envie d’entendre ».
Cette femme de 41 ans a créé avec d’autres Polony.tv : « Le média Libre de la France souveraine », dont le but est de « décrire le réel au lieu de dire le bien et le mal ».

 

L’enjeu de la méfiance des médias pour l’Intelligence Economique

L’identification et la caractérisation des sources d’informations sont des préalables nécessaires à toute démarche d’Intelligence Economique. Les médias, en tant que source, représentent probablement la base de toute collecte d’informations ou de toute campagne d’influence ; la perte de crédibilité de cette base par les consommateurs d’information pose donc problème quant aux métiers de l’intelligence économique.

 

La collusion avec l’argent et l’opinion des Français

Le « Baromètre des médias » réalisé par La Croix sur la confiance des Français dans leurs médias est paru en début d’année. Il met en évidence une baisse inédite de cette confiance depuis la création du sondage, il y a une trentaine d’années. L’enjeu des médias et de leur professionnalisme dans une société hyper-médiatisée, où le téléphone portable est toujours prêt à enregistrer, est fondamentale ; et ce, encore plus dans cette période électorale.

Dans l’étude de La Croix, plus de 2 Français sur 3 estiment que les médias ne sont pas indépendants, notamment des puissances de l’argent. Cette étude fait résonner l’infographie publiée par Le Monde diplomatique sur les détenteurs du capital des grands médias français. Elle pose en substance la question suivante : « Pourquoi de grands groupes capitalistes, qui ont réussi en affaire, et qui par conséquent se doivent de faire fructifier un capital, ont investi massivement dans les médias français en déficit chronique depuis des années ? ».

 

Le cas « Macron »

La suspicion évidente qui en découle sur l’indépendance de la ligne éditoriale de ces médias vis à vis d’actionnaires trop envahissants, a été confirmée dans l’actualité avec le magazine Challenges sur la campagne présidentielle d’Emmanuel Macron. En effet, comme le montre l’article de l’ACRIMED, le bureau de la Société des Journalistes (SJD) a été saisi mi-mars afin de dénoncer un positionnement plus qu’appuyé en faveur de l’ancien banquier d’affaire.

Sur le même sujet, une analyse de Marianne d’avril à septembre 2016 montre que le phénomène « Macron » était une bulle médiatique : 43% de parts de voix dans les médias alors qu’il n’était que de 17% sur les réseaux sociaux. L’analyse va plus loin et affirme que cela constitue un matraquage sur ces 6 mois dont l’objectif était de « vendre la marque Macron ».
L’article finit par une question d’ordre déontologique, que les médias se positionnent pour tel ou tel candidat ne pose pas de problème en soit ; leur choix, assumé, se fait en fonction de leur ligne éditoriale pour lesquels leur client payent pour y avoir accès. Mais la concentration des avis, comme avec le cas « Macron », le paysage médiatique devient bien homogène alors qu’il devrait être le garant de la pluralité des opinions.

Il convient donc de citer l’article 9 de la déclaration de Munich de 1971 qui définit la charte du journalisme qui stipule que le journaliste « ne doit jamais confondre le métier de journaliste avec celui du publicitaire ou du propagandiste ».

Quand un tel décalage existe entre l’opinion, représentée par les réseaux sociaux, et ce qui est proposé dans les médias mainstream, est-ce si étonnant que le public se détourne de ces mêmes médias ?

 

La réponse de Polony.Tv

C’est dans ce contexte qu’à la fin du mois de mars 2017, Polony.Tv a été officiellement lancée. Son but est de « donner à penser », en prenant le risque, potentiellement mortel, de son modèle économique : les revenus prévus par cette nouvelle chaine proviennent uniquement de l’abonnement de ses clients (5€ par mois ou 50€ par an); pas de publicité, pas de vente à des capitaux en quête de couverture médiatique pour tel ou tel candidat… Polony.Tv ne dépend donc que de ses abonnés.

Cet argument qui vise à rendre une rédaction dépendante uniquement de ses clients pour sa survie plutôt qu’à des actionnaires généreux financièrement, donne à penser que les nouveaux modèles économiques dits freemium, apparus avec Internet, ne sont pas adaptés pour une presse de qualité. Car ces modèles économiques ont eu pour conséquences de diminuer les revenus de ces médias, créant les dérives liées aux puissances de l’argent comme dénoncées par l’infographie du Monde Diplomatique. D’une part, la partie gratuite de moyenne qualité qui sert de produit d’appel, et de l’autre des articles plus travaillés et donc qui appellent à rémunération.  

Ne reviendrons-nous pas vers un modèle plus classique après que le milieu journalistique se soit essayé à Internet et sa gratuité ? La conclusion ne serait-elle pas : « on obtient la qualité que l’on est prêt à payer » ? Et à fortiori, quand cette presse est gratuite, on ne peut exiger d’elle indépendance, et qualité irréprochable. Une chose est sûre : le statut des journalistes devra probablement être réformé afin de les obliger à respecter leur propre charte déontologique, celle de Munich. Polony.Tv essaye donc, avec des outils de diffusion du 21ème siècle, de respecter l’essence même de ce texte de plus de 45 ans !