Supercalculateur de défense : le duo HPE-Orange écarte Atos

La Direction interarmées des réseaux d’infrastructure et des systèmes d’information a présélectionné HPE et Orange pour la conception d’un supercalculateur militaire, un choix majeur en matière de souveraineté technologique française.

Le contrat est destiné à l’agence ministérielle pour l’intelligence artificielle de défense (AMIAD). Hewlett Packard Enterprise (HPE) fournirait le matériel du supercalculateur, notamment des processeurs graphiques (GPU) Nvidia. De son côté, Orange serait responsable de la partie logicielle. Atos disposait de 15 jours pour contester cette décision, annoncée le 2 octobre.

L’annonce intervient alors que l’État négocie le rachat des supercalculateurs Atos, estimés entre 700 millions et 1 milliard d’euros. L’entreprise, récemment privée de son statut de partenaire pour les Jeux Olympiques, connait aujourd’hui d’importantes difficultés financières. Le contrat, à hauteur de 300 millions d’euros, aurait pu offrir au groupe français les ressources nécessaires pour se redresser. 

Mais, sur le plan des capacités technologiques, des prix et des délais, le duo HPE-Orange semble proposer une solution « anormalement » supérieure à celle d’Atos, selon Sébastien Lecornu, ministre des Armées. Ce dernier a donc saisi le Contrôle général des armées afin de s’assurer du respect de la procédure. Le 14 octobre, aucune décision n’était encore prise.

Une dépendance accrue aux technologies étrangères ?

Si le contrat aboutit, c’est Nvidia, leader américain contrôlant 92 % du marché des GPU, qui fournira les composants du futur supercalculateur militaire français. La France se trouve donc confrontée à un dilemme : privilégier l’excellence technologique ou protéger sa souveraineté nationale.

Qu’importe l’issue, cette décision pourrait ne pas être définitive. Dans environ deux ans, il sera probablement nécessaire de remplacer le supercalculateur de HPE et Orange, qui sera probablement dépassé par les avancées technologiques. L’AMIAD aura alors l’opportunité de réévaluer ses options technologiques. 

Grégoire Aubry

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