Une traçabilité efficace pour une meilleure liberté de choix du consommateur

Dans la plupart des cas, une traçabilité parfaite d’un produit n’existe pas. Lorsqu’un produit est travaillé ou transformé en France, on peut lui apposer l’étiquette « made in France ». Pourtant, ce que le consommateur ne sait pas, c’est qu’il suffit que le produit ait subi une dernière finition en France pour qu’il bénéficie de cette appellation.

Le scandale de la viande de cheval qui a récemment secoué notre industrie agroalimentaire en est l’illustration parfaite. La viande provenait effectivement de Roumanie, mais il suffisait qu’elle ait été cuite en France pour être étiquetée « made in France ». Le constat est donc simple : il existe un véritable manque de législation et de contrôles efficaces en matière de traçabilité des produits dont le destinataire final est le consommateur. Quels sont donc les enjeux en la matière afin de redonner une véritable visibilité ainsi qu’une liberté de choix au consommateur ?

Le consommateur au cœur de tous les enjeux

La mondialisation des échanges a accrue la vigilance du consommateur et donc ses exigences quant à la l’information sur l’origine et la qualité des produits qu’il achète. Un rapport de la documentation française révèle que la crise mondiale a amplifié la tendance : l’origine géographique fait partie des critères déterminants dans le geste d’achat. Les français souhaitent contribuer à des modes de production et de consommation plus vertueux, et ce afin de contribuer au maintien de l’emploi sur le territoire national, au refus d’un dumping social, et à la limitation  des distances d’acheminement des produits afin de réduire l’impact environnemental qui en découle.

Selon une publication annuelle du cabinet Deloitte en 2009 sur les perspectives de consommation en France et en Europe, 72% des français déclarent vouloir « acheter de préférence des produits fabriqués en France ». De plus, une étude Ipsos a révélé qu’il existe une propension de plus en plus importante à tenir compte de l’origine dans l’achat d’un produit alimentaire. Ces comportements, relèvent selon certains spécialistes l’ « ère du soupçon ».

Les risques divers et variés ont conduit les consommateurs à de nouvelles exigences en matière de transparence. Ils conduisent à ce que l’on appelle aujourd’hui le « consommateur régulateur ».

Une traçabilité inefficace

Pourtant et ce de manière paradoxale, les exigences de traçabilité ne sont satisfaisantes que dans des cas très rares. L’étiquetage d’origine ne permet pas au consommateur de faire son choix en connaissance de cause. Pour résumer et illustrer, le consommateur sait d’où vient le filet de poulet qu’il achète chez son boucher ou au rayon boucherie d’un supermarché, en revanche il ne sait pas d’où vient le poulet de son sandwich au poulet ou de son cordon bleu. Il est aujourd’hui avéré qu’il y a de fortes chances que celui-ci provienne du Brésil, pays qui produit le poulet le moins cher du monde. 

Les risques d’une traçabilité inefficace sont majoritairement ceux de la contrefaçon et du développement d’une industrie parallèle particulièrement lucrative. L’industrie pharmaceutique en est l’illustration parfaite. En effet, aujourd’hui tout se copie. Les médicaments ont ainsi rejoint les produits de luxe au banc des produits contrefaits. La première mise en garde à faire aux consommateurs est celle de « biens mal acquis ne profite jamais ». Nombre de patients font le choix d’internet comme fournisseur officiel et pourtant les colis qu’ils recevront pourraient bien contenir des médicaments contrefaits en provenance de Thaïlande, d’Inde, ou de Chine… Les risques sont pourtant nombreux : absence de soins, principe actif en trop forte ou trop faible quantité, autres médicaments, produits toxiques pouvant contenir des substances létales etc…

Le professeur Dora Akunyili, encore appelée le docteur courage ou la dame de fer du Nigéria, a lutté pendant de nombreuses années pour que son pays cesse d’être la plaque tournante des médicaments contrefaits. Elle dénonce ainsi divers cas : celui des années 1990, où 109 enfants sont morts pour avoir pris du paracétamol en sirop contrefait. Treize ans plus tard, des enfants ont perdu la vie à l’hôpital car leur perfusion d’adrénaline ne contenait que de l’eau ou presque. Diverses morts sont attribuées à des cas de comprimés contenant de la craie, de l’huile ou encore périmés mais ré-étiquetés comme valables.

Vers un futur plus certain pour le consommateur

En matière pharmaceutique, les avancées existent. Ainsi, dès le 1er avril 2014, les pharmaciens exerçant dans les pharmacies des établissements de santé mais aussi ceux travaillant en officine et en établissement pharmaceutique, auront l’obligation de préciser sur l’étiquetage des remèdes la composition complète de la préparation avec un système de traçabilité complet.

La nécessité de légiférer dans tous les domaines (luxe, agroalimentaire, biens de consommations, etc…) est primordiale afin de répondre aux attentes légitimes des consommateurs. Il s’agit d’instaurer une relation de confiance entre ces derniers et les divers acteurs de chaînes de production. Le choix des consommateurs apparaît comme fondamental dans les enjeux contemporains de la mondialisation et ce, afin de respecter des principes fondamentaux que sont par exemple la santé, l’éthique, et le bien être de ceux-ci.

Margot Spiess