En ce début d’année 2018, International SOS a souhaité faire le point sur les risques de santé et de sécurité auxquels les voyageurs d’affaire peuvent être confrontés. Pour cela, la société, spécialisée dans la mise en place de solutions d’urgence médicale et sécurité aux entreprises à l’international revient sur sa « Travel Risk Map 2018 ».
Vous pouvez la retrouver ici.
Pour animer cette conférence, quatre interlocuteurs spécialisés ont pris la parole : Charline Gelin, responsable Sécurité régionale pour l’Europe du Sud, et Xavier Carn, vice-président Sécurité Europe Middle East & Africa, sont intervenus sur les dimensions Sécurité, tandis que deux médecins, Philippe Guibert, spécialiste du Bien-Être et de la Médecine au travail, et Philippe Biberson, docteur en charge de la partie Europe du Sud et Afrique du Nord, se sont exprimés sur le volet médical.
Etat des lieux des menaces prévisibles pour 2018
Pour l’année 2018, les analystes d’International SOS identifient un certain nombre d’évènements politiques, diplomatiques ou encore sportifs à surveiller. Comme préoccupation principale, il convient de citer l’escalade de violence entre les dirigeants américain et nord-coréen, malgré les signes récents d’apaisement. A ces évènements, s’ajoute l’annonce de la délocalisation de l’Ambassade des Etats-Unis de Tel Aviv à Jérusalem. Cette possibilité étant évoquée depuis 1995, l’évènement était donc prévisible. Néanmoins, cette annonce aura de fortes répercutions sur le monde diplomatique et son impact reste encore à déterminer. Parallèlement, les analystes établissent un durcissement des tensions entre l’Arabie Saoudite et le Yémen. En effet, fin 2017, des tirs de missiles balistiques en provenance du Yémen ont été interceptés à plusieurs reprises. Ces évènements pourraient alors entraîner un profond sentiment d’insécurité pour les populations locales et les professionnels en voyage d’affaire.
L’année 2018 est également celle de nombreux scrutins à travers le monde. On notera les élections présidentielles en Russie, fin mars, et au Venezuela, en avril, les élections législatives au Pakistan, en juillet, et les élections municipales prévues en Tunisie, en mai. Ce dernier scrutin pourrait devenir le catalyseur de violences liées à un contexte politique et social actuel perturbé et qui pourrait entraîner la déstabilisation du pays entier. Il en est de même pour le Mali. La tenue des élections présidentielles, courant 2018, dans un pays déjà très déstabilisé par la présence de militants islamistes dans le nord et le centre du pays, pourrait aggraver la situation. A noter qu’en janvier 2018, le pays a déjà été victime de trois attaques de convois militaires ; une attaque d’un convoi civil peut donc être envisagée.
Enfin, de nombreux évènements internationaux sont à prévoir en 2018 dont la Coupe du Monde de Football organisée par la Russie et d’autres évènements sportifs d’envergure. Il est en de même pour les sommets internationaux tels que le G20 à Buenos Aires, en Argentine, ou encore le G7 à Charlevoix, au Canada.
Il ne fait aucun doute que ces menaces constitueront un risque supplémentaire pour les voyageurs d’affaire.
Typologie de risques en voyage
Dans le but d’analyser les risques auxquels sont soumis les voyageurs d’affaire, il convient d’étudier les quatre typologies de ces risques :
2018 : La mise à jour des risques sanitaires
Du côté médical, peu de changements sont à constater pour l’année 2018. La classification du système santé des pays se répartit en cinq catégories :
Le risque « très élevé » s’applique à une vingtaine de pays dans lesquels les soins de santé sont presque inexistants ou bien fortement taxés. Les médicaments soumis à prescription y sont considérés comme indisponibles et il existe un risque élevé de contamination aussi bien alimentaire qu’hydrique. Enfin, dans ces pays, la présence de maladie infectieuses graves telles que la dengue, le paludisme, la typhoïde ou encore le choléra peuvent constituer une menace.
Le risque « élevé » quant à lui se retrouve le plus souvent sur les pays d’Afrique et d’Asie. La contrefaçon de médicaments est, chez eux, une réalité ; les soins de qualités sont disponibles mais disparates et des maladies infectieuses graves peuvent être contractées.
Dans la trentaine de pays pour lesquels le risque santé est considéré comme « modéré », les soins proposés par des entités sélectionnées sont conformes aux standards attendus. Les services d’urgence de base et les soins dentaires sont globalement disponibles et fiables. Certains risques de maladies alimentaires et hydriques ainsi que des cas de maladie infectieuses peuvent être présents.
En ce qui concerne les pays où le risque sanitaire est « faible », on les retrouve principalement en Europe. L’accès au soin y est de qualité et facilité ; une vaste gamme de médicaments soumis à prescription est disponible. Enfin, il existe un faible risque de maladies infectieuses.
Parfois, l’accès aux soins étant très hétérogènes, la classification du pays est particulièrement difficile. C’est pourquoi, la catégorie « variable » couvre une large partie du continent asiatique. Dans ces pays, les grandes villes disposent d’une offre médicale appropriée tandis que dans les zones plus reculées, les soins médicaux, les services d'urgence et les soins dentaires peuvent être basiques. L'accès aux médicaments délivrés sur ordonnance peut être limité et la qualité des médicaments délivrés peut constituer un danger pour la santé du patient. Enfin, des maladies infectieuses peuvent constituer une menace dans certaines régions.
Ainsi, seule la zone Caraïbes et de quelques pays d’Europe de l’Est bouleversent un peu la carte de santé 2018. En effet, la saison cyclonique de 2017 ayant été particulièrement violente avec les ouragans Irma et Maria dans les Caraïbes, de très nombreuses infrastructures ont été détruites, y compris médicales. Les experts estiment que la reconstruction peut durer plusieurs mois, voire une année. C’est pourquoi International SOS a décidé d’augmenter le niveau de risque de la zone, le passant ainsi d’un niveau « modéré » à « élevé ». A l’inverse, la Hongrie, la Slovénie, la Pologne, la Croatie et la Turquie voient leur niveau de risque réduit passant de « modéré » à « faible » du fait de l’amélioration de la qualité de l’offre médicale.
La nécessaire prise en compte de ces menaces pour l’entreprise
Si une entreprise souhaite envoyer des travailleurs dans des pays dit « à risque », elle doit mettre en place des procédures visant à assurer la santé et la sécurité des collaborateurs lors des déplacements.
Aussi une cartographie du terrain doit être réalisée à l’avance. Il convient alors d’identifier les risques liés au périmètre de l’hôtel ou encore les trajets à privilégier lors du déplacement des collaborateurs. Ces dernières années, on observe un véritable changement de comportement de la part des entreprises, probablement suite aux attentats qui ont frappé la Tunisie, le Burkina Faso ou encore l’Afghanistan très récemment. Ainsi, aujourd’hui, les collaborateurs privilégient des hôtels plus discrets et moins reconnus sur la scène internationale. Il apparaît aussi essentiel de répertorier la structure médicale la plus proche et de préparer un plan de réponse spécifique en cas d’urgence.
Face à cette recrudescence de risques, les entreprises doivent répondre à plusieurs défis afin d’assurer la sécurité des collaborateurs :
La nécessité de sensibiliser les collaborateurs
L’intégration du risque par l’entreprise passe également par la sensibilisation de ses salariés. En effet, le collaborateur non-formé peut être considéré comme le « maillon faible » des procédures de sûreté. Aussi, face à la montée en puissance des cyber-attaques contre les entreprises, les voyageurs d’affaire sont fortement exposés aux risques de vols de données. Il convient donc d’organiser des sessions de sensibilisation visant à leur communiquer les bons réflexes à adopter en voyage :
Face à une menace protéiforme, les entreprises sont confrontées à de nombreux risques. Les échanges internationaux étant de plus en plus nombreux, des voyageurs d’affaire sont présents aux quatre coins du monde et sont les cibles privilégiées de cette menace. Ces attaques peuvent être dirigées vers leur personne ou vers l’organisation, ciblant, par exemple, les informations sensibles dont ils disposent. L’entreprise doit donc déployer des moyens forts de sensibilisation afin de réduire au maximum l’exposition de ses collaborateurs.
Océane Rué