Si exporter ses produits à l’international est le rêve de toute entreprise, cette démarche présente également de nombreux risques. Pour éviter que l’exportation ne mette en péril la santé financière des entreprises, des solutions de prévention existent.
L’export est, pour toute entreprise, un cap important dans son développement commercial. Exporter ses produits ou services permet à une entreprise d’augmenter son chiffre d’affaires, mais également de multiplier les débouchés, de diversifier les risques conjoncturels, et d’apporte un prestige pouvant être utile sur son marché domestique. Les entreprises qui exportent sont généralement en meilleure santé financière, investissent plus dans la recherche et développement, car plus soumises à la concurrence, et ont tendance à être plus pérennes que celles restées sur le marché national.
Cependant, si les entreprises considèrent à juste titre l’export comme une chance, elles peuvent parfois en oublier les risques. Exporter, c’est en effet se confronter à l’étranger : sa langue, ses coutumes, ses lois, son administration. Tous ces aspects et bien d’autres sont pour l’entreprise exportatrice une nouveauté, un nouvel état de fait auquel il faut s’habituer malgré les habitudes et les procédés nationaux. Afin de pouvoir exporter en réduisant les imprévus, les entreprises doivent connaître les risques qui peuvent se présenter à elles. Cet article a vocation à analyser ces risques, et de voir de quelle manière ceux-ci affectent les entreprises à l’export.
Le premier risque auquel les entreprises exportatrices font souvent face est celui du non-paiement. Lors de l’export, la livraison d’une marchandise ou d’un service précède de manière générale tout ou une partie du paiement. Contraindre un partenaire commercial à régler un impayé relève d’une procédure judiciaire qui diffère selon les pays. Si les pays de l’Union européenne ou ceux étant liés par des accords bilatéraux facilitent ce genre de procédures, certains pays peuvent avantager leurs propres entreprises. D’autres mettent en place des procédures si longues que le manque à gagner pour l’exportateur peut mettre en danger sa trésorerie. Les cas de faillite soudaine d’un importateur ont également mis à mal des entreprises françaises, qui exportaient vers des pays où rien n’était garanti pour compenser le manque à gagner en cas de faillite de l’entreprise livrée. Si ces cas peuvent faire l’objet d’arbitrages et de jugements auprès de tribunaux de commerce internationaux, les PME et ETI ont rarement les moyens de se pourvoir en justice auprès de tribunaux internationaux au jugement incertain. Voilà pourquoi la connaissance précise des lois concernant les paiements entre les entreprises du marché visé est capitale pour réduire les risques de défaut de paiement, voire de mise en danger de toute l’entreprise par manque de trésorerie.
De manière plus générale, les différences de lois entre États peuvent être de véritables problèmes pour les entreprises exportatrices. Différences de normes sanitaires, non-respect des lois sur la corruption, méconnaissance des procédures douanières… Autant d’écueils auxquels les entreprises mal renseignées doivent faire face une fois leur produit arrivé dans le pays importateur.
Il va également de soi que la corruption endémique dans certains pays en développement est un facteur que les entreprises exportatrices doivent prendre en compte. Anticiper un blocage douanier ou un possible détournement de la marchandise dans certaines régions du monde est devenu une nécessité pour les exportateurs s’ils veulent s’épargner le paiement de pots de vins et de poursuites si ces derniers étaient révélés.
Au-delà des considérations légales, les entreprises peuvent être victimes d’un certain nombre de risques conjoncturels, qui leur imposent un travail d’anticipation important.
L’actualité internationale et ses crises régulières peuvent affecter directement la sécurité de l’exportation, ou même la remettre totalement en cause. Les sanctions internationales imposées à la Russie en 2014 par les États-Unis et l’Europe ont directement affecté les exportations de ces pays vers la Russie. Le secteur agro-alimentaire a été durement touché, tout comme l’industrie de l’armement. L’annulation de la vente des deux porte-hélicoptères Mistral à la marine russe en est un des nombreux exemples. Plus récemment, l’interdiction de commercer avec l’Iran imposée par les États-Unis, sous peine de sanctions économiques et d’interdiction de commercer sur le territoire américain, a privé les entreprises européennes d’un débouché crucial et en pleine expansion.
Concomitants à ces crises, les variations des taux de change et l’incertitude liée à leur évolution constituent un risque majeur pour les exportateurs. Suivant la durée entre la signature du contrat et le paiement effectif (que celui-ci se fasse dans la devise de l’importateur ou plus généralement en US dollar), la variation des taux peut transformer une opération lucrative en vente à perte. Les tarifs d’intermédiaires au contrat, comme les transporteurs, peuvent également exploser à cette occasion.
Enfin, un dernier risque plus subtil guette les entreprises exportatrices imprudentes : l’espionnage industriel. C’est en effet lors de la signature de nombreux contrats d’exportation que des produits à haute valeur technologique ont été copiés par les sociétés importatrices, souvent avec la complicité des États. La Chine est particulièrement en pointe sur cette technique, aussi bien pour les avions Airbus livrés aux compagnies chinoises que pour les systèmes d’armes russes achetés par l’Armée populaire de libération. Ainsi, l’entreprise exportatrice doit se préparer à l’éventualité de voir son produit copié par un concurrent, sans toujours avoir la possibilité de faire valoir ses brevets.
Malgré l’opportunité évidente que représente l’export pour une entreprise, la liste des risques générée par cette démarche est importante. Cependant, qu’ils soient conjoncturels, structurels ou concurrentiels, ces risques peuvent être anticipés et diminués grâce à divers moyens.
Le premier d’entre eux est, bien entendu, le travail d’anticipation de ces menaces par la veille et la consultation d’experts thématiques. Les entreprises peuvent en effet s’appuyer sur des consultants locaux en risque-pays, en exports et en droit, afin de connaître les spécificités du marché visé. Les cabinets de conseil internationaux ou d’avocats sont ainsi des outils utiles à la disposition des entreprises. Ces dernières doivent également mieux connaître leur partenaire commercial, sa réputation et sa solvabilité. C’est là que les cabinets de Due Diligence, discipline consistant à se renseigner de manière approfondie sur une entreprise ou une personne, prennent toute leur importance. Connaître son partenaire commercial, savoir si ses dirigeants son dignes de confiance, analyser leur historique, sont autant de tâches nécessaires avant de se lancer dans une politique d’exportation.
L’absence de paiement, quant à lui, est difficilement réparable dans les cas où l’entreprise importatrice ferait faillite ou est protégée par ses lois domestiques. Dans ce type de cas, des assurances à l’exportation existent, et peuvent éviter une rupture de trésorerie aux conséquences potentiellement dramatiques. Le problème lié au taux de change peut également être prévenu grâce à des outils bancaires, tels que la vente de devises à terme. Cette solution permet à l’exportateur d’établir à l'avance avec sa banque le cours auquel il lui cédera les devises qu’il recevra en règlement. Demander le règlement d’une part ou de la totalité du paiement dans sa propre devise est également un moyen simple pour l’exportateur de sécuriser ses règlements.
L’export peut certes être une véritable opportunité de croissance pour les entreprises. Mais les écueils sont, nous l’avons vu, nombreux et peuvent mettre en péril la santé financière d’une compagnie. Si les solutions décrites dans cet article permettent de réduire le risque en faisant appel à des services de professionnels, d’autres moyens de réduction des risques sont mis en place au bénéfice des entreprises françaises. Tout d’abord, les ambassades ont vocation à aider les entreprises à se développer à l’international afin de réduire le déficit commercial de l’hexagone. Les Chambre de Commerce et d’Industrie régionales, Business France et les organisations patronales fournissent également une aide aux démarches administratives, informent sur la sécurité locale, conseillent des intermédiaires sûrs et approuvés. Les pouvoirs publics et associations patronales peuvent donc aujourd’hui être de véritables acteurs de la réduction des risques à l’export pour les entreprises françaises.
Club Risques AEGE