La Commission européenne a annoncé la proposition d’une nouvelle stratégie industrielle de défense européenne pour le début de l’année 2024 lors de la dernière conférence de l’Agence européenne de Défense le 30 novembre dernier. La sécurisation des chaînes d’approvisionnement et la collaboration en seraient des axes majeurs.
Mise à l’épreuve par la crise en Ukraine et les multiples soutiens que leur ont apportés certains pays de l’Union Européenne (UE) à la fois économiques, matériels et humanitaires, l’industrie de défense européenne est en quête de nouveaux moyens pour développer ses capacités et sa résilience. Le développement des capacités de production de l’industrie de défense européenne est désormais au centre des priorités de la présidente de la Commission Européenne, Ursula von der Leyen.
« La prochaine étape est celle d’une union européenne de la défense à part entière. Afin que l’Europe puisse enfin assumer la responsabilité stratégique de son propre avenir », Ursula von der Leyen lors du discours prononcé à l’occasion de la conférence annuelle 2023 de l’Agence européenne de défense (AED)
Malgré l’incitation, une collaboration intra-européenne insuffisante
Les multiples dispositifs et programmes déployés au sein de l’UE attestent de la volonté d’accentuer la collaboration entre les 27 Etats membres, dont le nombre est une difficulté pour atteindre les objectifs fixés. En 2022, seulement 18% des défenses sécuritaires au sein de l’UE étaient collaboratives, face aux 35% attendus par l’AED.
Cette collaboration entre les Etats membres de l’UE est considérée comme un levier fondamental dans le renforcement de l’industrie de défense européenne puisqu’elle permettrait non seulement d’améliorer ses capacités opérationnelles, mais aussi de réduire les risques et dépendances externes liés aux chaînes d’approvisionnement. Elle offrirait également la possibilité de mutualiser et de faciliter les transferts de matériels entre ces pays, et surtout de réaliser des économies d’échelles considérables en massifiant les commandes.
Élaborer une stratégie commune pour sécuriser les approvisionnements
Une bonne connaissance de cette industrie de défense européenne apparaît comme incontournable puisque l’élaboration d’une stratégie commune ne peut se faire sans l’identification exhaustive des différents acteurs de la chaîne d’approvisionnement, notamment ceux qui seraient les plus vulnérables en temps de crise. L’une des composantes essentielles de cette stratégie est ainsi de prendre en compte la résilience de l’Ukraine : « Notre stratégie ne pourra être complète que si elle tient également compte des besoins et des capacités industrielles de l’Ukraine. »
Cette stratégie s’inspire du Defence Production Act, un programme américain qui confère au Président certains pouvoirs lui permettant d’orienter l’industrie dans l’intérêt de la défense nationale. Dans le cadre européen, il s’agirait de permettre à l’UE d’exiger des commandes ou des productions de matériel et d’accorder une priorité aux commandes militaires par rapport aux commandes commerciales en temps de crise, qui constituent aujourd’hui une faille majeure dans le système.
D’autres mesures sont attendues pour renforcer la compétitivité de l’industrie de défense européenne, concernant par exemple le partage des capacités industrielles spécifiques, la mobilisation de fonds privés ou le développement de technologies duales.
Cynthia Begue
Pour aller plus loin :