Vers une nationalisation des activités du pétrolier russe Rosneft en Allemagne

Le gouvernement allemand envisage la nationalisation des activités de la multinationale russe Rosneft dans le pays. Alors que l’Allemagne connaît un effondrement de sa production industrielle, une telle décision pourrait avoir des conséquences économiques importantes à plus ou moins long terme.

Dès septembre 2022, en réponse à l’invasion de l’Ukraine par la Russie, les filiales du géant pétrolier avaient été mises sous tutelle par les autorités fédérales, afin d’assurer la sécurité des approvisionnements, mesure qui pourrait se transformer en expropriation. Les actifs allemands de Rosneft représentent environ 12 % de la capacité de raffinage du pays. Parmi ces actifs figure la raffinerie PCK de Schwedt, quatrième plus grande raffinerie du pays, dont dépend la région métropolitaine de Berlin pour ses approvisionnements pétroliers.

Initialement alimentée par un oléoduc reliant la Russie à l’Allemagne, la raffinerie de Schwedt a dû diversifier ses sources d’approvisionnement suite à l’embargo imposé par l’Union européenne sur les produits pétroliers russes. Celle-ci reçoit désormais du pétrole par un pipeline connecté au port allemand de Rostock, dont la capacité a été augmentée, ainsi que par le port polonais de Gdansk.

Nationaliser les actifs russes, une pratique stratégique

Dans plusieurs pays européens, les actifs russes stratégiques ont connu le même sort. Ainsi, en décembre 2022, le gouvernement italien a placé sous tutelle la raffinerie sicilienne ISAB appartenant au géant pétrolier Loukoïl et considérée comme stratégique. Par ailleurs, ce ne serait pas la première fois que l’Allemagne nationalise des actifs russes. En novembre 2022, Berlin a intégré la filiale locale de Gazprom au capital fédéral, dans le but de sécuriser l’approvisionnement gazier du pays.

À court terme, la nationalisation d’actifs stratégiques permettrait potentiellement à l’Allemagne de limiter les conséquences des errements de sa politique énergétique. À plus long terme, les répercussions sur la crédibilité internationale du pays et, par conséquent, sur la confiance des investisseurs, pourraient être significatives. En outre, La Russie pourrait choisir de répliquer, comme en avril 2023, lorsqu’elle a nationalisé les actifs russes de l’entreprise publique finlandaise Fortum et ceux du géant gazier allemand Uniper. Selon les travaux effectués par la Kyiv School of Economics, nombre d’entreprises allemandes exerçaient encore des activités sur le territoire russe au début de l’année 2024, offrant ainsi une marge de manœuvre significative à Moscou. Un nouveau bras de fer qui aggraverait certainement les difficultés allemandes.

Grégoire Loux

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